Abstract
The article aims at rendering how the negotiation of the multilingual inheritance in the Austro-Hungarian Empire worked in Liviu Rebreanu’s case. Generally esteemed as the most important novelist of the interwar period, Liviu Rebreanu (1885–1944) was educated—both as an intellectual and as a writer—within a cultural environment stamped by the features of the early twentieth-century Budapest. In fact, his first literary takes (between 1907 and 1909) should be related to German and Hungarian languages, whose perfect command is proven through the writer’s extensive readings from the two literatures. Also, young Rebreanu had a close relationship with Hungarian writers; some of them became his collaborators, while others had been translated or imitated. His reinvention as a “national writer” implied thus to re-define and repress this multilingual inheritance. Before he became a “major” writer of an emergent literature, Rebreanu had developed as a “minor” author (in Deleuze’s terms) within an environment marked by diglossia, by the overlapping of several literary cultures, and by their conflictual articulation. At the same time, his case illustrates the process of literary emergence coming after the decline of the Austro-Hungarian Monarchy, but also the mobilization of a state of hybridity, which was made possible by the very existence of this multinational aggregation.
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Notes
On cite par exemple le cas de l’arménien István Petelei, du roumain-serbe Elek Gozsdu ou de l’allemand Ferenc Herczeg (Neubauer and Szegedy-Maszák 2006, pp. 170).
De nombreuses études ont montré l’importance des écoles d’officiers dans l’Empire austro-hongrois pour l’ascension sociale des minorités ethniques (Sigmirean 2000, 2015). On a aussi souligné que cette formation impliquait la bonne maîtrise des langues officielles de la Monarchie dualiste (Sigmirean 2000, pp. 28) et qu’elle engendrait parfois des vocations littéraires, le cas de Rebreanu n’étant pas singulier (Gheran 1986, pp. 157).
Sur l’activité littéraire de cette époque l’écrivain a laissé de nombreux aveux dont je cite seulement cette réponse à une enquête de 1927 : « dans un milieu de grande capitale et dans une époque de l’essor du théâtre, j’ai écrit environ cinquante pièces et livrets » (Rebreanu 1984, pp. 388) ou cette séquence d’une interview de 1935 : « J’ai commencé vite avec des pièces de théâtre, en grand nombre, que j’ai présentées partout à Budapest, sans résultat, bien entendu » (Rebreanu 1988, pp. 140). Les traductions des textes en roumain m’appartiennent.
La plupart des auteurs hongrois qu’il mentionne dans ses confessions (Gheran 1986, pp. 170) sont liés, par leur activité, au journalisme : Heltai Jenő (1871–1957), Szini Gyula (1876–1932), Vay Sarolta (1859–1918), Ambrus Zoltán (1861–1932), Ludwig von Dóczi (1845–1918) etc. J. Neubauer a souligné l’importance du métier de journaliste pour les milieux littéraires de Budapest à la fin du XIXe siècle, qui détermine aussi la cultivation des genres favorisés par les rythmes de la presse, comme la prose courte ou le feuilleton (Neubauer et al. 2004, pp. 253 ; Neubauer and Szegedy-Maszák 2006, pp. 170, 173).
On sait qu’il contacte deux des critiques littéraires roumains très importants, Mihail Dragomirescu et Garabet Ibrăileanu, qu’il propose des proses à l’une des revues culturelles les plus connues de l’époque, Viaţa românească, et qu’il gagne sa vie par une activité intense de chroniqueur théâtral (Rampa, Scena). Dans une interview, l’écrivain compare explicitement les conditions professionnelles des deux milieux littéraires : « ici [après le passage en Roumanie] commence un chapitre sombre de ma vie, une époque de lutte acharnée avec la misère et la passion d’écrivain, dans un milieu qui me donnait l’impression d’avoir descendu cinq marches par rapport à celui que je venais de quitter » (Rebreanu 1988, pp. 141).
Rebreanu occupe dès 1926 la fonction de président de la Société des Ecrivains Roumains.
Pour entrer dans le détail de ce qui circule entre les écrits hongrois et les écrits roumains de Liviu Rebreanu, je m’appuie sur l’édition en 23 volumes des archives et des œuvres de l’écrivain, réalisée par N. Gheran entre 1968 et 2005.
A Kaszát vásárló paraszt. Il semble que le texte ait été traduit par Liviu Rebreanu après la version allemande (Rebreanu 1968, pp. III, 438–439). Rebreanu a publié le texte comme « imitation » dans une revue roumaine (1913) et a repris le texte dans deux recueils, parus en 1919 et 1927.
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Tudurachi, A. Réprimer le multilinguisme : la naissance d’un grand écrivain national dans les ruines de l’Empire. Neohelicon 45, 65–81 (2018). https://doi.org/10.1007/s11059-018-0425-1
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