Résumé
Depuis Henri Baudrillart1 et Etienne Fournol2, on a souvent rapproché Jean Bodin de Montesquieu. De nos jours, on admet que c’est dans le domaine du droit comparé que les deux auteurs sont les plus proches. C’est ainsi, par exemple, que Pierre Mesnard écrivait en 1952: „Le regain de faveur que connaît la Méthode de l’Histoire a permis de mieux comprendre le compara-tiste et de considérer Bodin comme l’ancêtre et le maître de Montesquieu3”.
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Références
H. Baudrillart, Jean Bodin et son temps, Paris, 1853.
T. E. Fournol, Bodin, prédécesseur de Montesquieu, Paris, 1898.
„Supplément bibliographique“ joint à la Deuxième édition de l’Essor de la Philosophie Politique au XVI o siècle, Paris, J. Vrin, 1952, p. 13.
En ce qui concerne la politique de Bodin, Jean Chauviré a adopté comme méthode d’exposition un exposé divisé en deux parties, l’une théorique et l’autre pratique: „Je me crois obligé, dit-il, de diviser mon étude en deux parties: l’une, plus générale et théorique, susceptible d’intéresser tous les âges et tous les pays; l’autre, plus pratique, plus spéciale au XVIo siècle, où je montrerai l’auteur observant les vices de la société contemporaine et tâchant à les réformer“ (Jean Bodin, Auteur de la République, Paris, 1914, p. 303).
„La place de Montesquieu dans l’histoire des doctrines politiques au XVIIIo siècle”, in Annales historiques de la Révolution française, Mars 1930, pp. 97–112.
De Beneficiis, lib. VII, cap. 4 et 5, texte cité par Bodin dans la République au livre I, chap. 8, p. 157 de la troisième édition (Paris, 1578, 1 vol. in-folio), à laquelle nous référerons désormais. En réalité, Bodin s’inspire sur ce point particulier des juristes italiens du XIVo siècle, en particulier Bartole et son élève Baldus, qu’il cite dans les marginalia, comme l’a montré Ralph E. Giesey dans une communication au Colloque international consacré à Bodin et organisé par l’Institut de Science politique de l’Université de Munich en avril 1970 („The Two Laws in Bodin’s Concept of Sovereignty”).
„Puis donc que la qualité ne change point la nature des choses, nous dirons qu’il n’y a que trois Etats, ou trois sortes de Républiques, à savoir la monarchie, l’aristocratie et la démocratie: la monarchie s’appelle quand un seul a la souveraineté… et que le reste du peuple n’y a que voir; la démocratie ou l’Etat populaire, quand tout le peuple, ou la plupart d’icelui en corps a la puissance souveraine; l’aristocratie, quand la moindre partie du peuple a la souveraineté en corps et donc, donne loi au reste du peuple, soit en général, soit en particulier” (République, liv. II, chap. 1, p. 184–185 de l’édition de 1578).
„On a voulu dire et publier par écrit que l’Etat de France était aussi composé des trois Républiques, et que le Parlement de Paris tenait une forme d’Aristocratie, les trois états tenaient la Démocratie, et le Roi représentait l’Etat royal: qui est une opinion non seulement absurde ‚mais capitale. Car c’est crime de lèse-majesté de faire les sujets compagnons du Prince souverain” (République, II, 1, p. 192).
République, I, 8, p. 100–101.
Ibid., p. 103.
République, p. 706.
République, I, 8, p. 102.
Ibid., p. 103.
République, III, 7, p. 367.
République, I, 8, p. 102.
République, VI, 2, p. 644.
République, I, 10, p. 179. Dans le même chapitre, figure parmi les marques de souveraineté comprises sous la puissance de donner et casser la loi, le droit d’„imposer ou exempter les sujets de charges et subsides” (p. 163). Ailleurs (II, 1, p. 195), Bodin considère comme une „marque de souveraineté” le droit de „disposer des deniers”, d’ordonner „des impositions et des tailles”.
O. C. Nagel, n° 884 (t. II, p. 254) ou O. C. Pléiade, n° 631 (t. I, p. 1152).
„Bodin’s is a more moderate and a more medieval political conception than the theories of monarchy which thus replaces it… It was natural perhaps that Bodin’s followers of the seventeenth century, such as Loyseau, de l’Hommeau, and Lebret, should emphasize the evident absolutist tendencies of his thought to the exclusion of some more liberal elements drawn from medieval precedent; but there is less excuse for any view so one-sided in a modern historian than in a publicist of the time of Henry IV or Louis XIII. The more liberal part of Bodin’s conception of kingship are a heritage of the middle ages; the development of the absolute monarchy into an arbitrary one is a modern achievement” R. McIlwain, (The Growth of Political Thought in the West, New York, 1932, p. 388).
Dans la communication déjà citée, Ralph E. Giesey souligne que la „puissance absolue” du souverain se ramène chez Bodin à la formule traditionnelle „princeps legibus solutus”.
République, II, 2, p. 200.
„Vrai est que ces docteurs ne disent point que c’est de puissance absolue, car si nous disons que celui qui a puissance absolue, qui n’est point sujet aux lois, il ne se trouvera Prince au monde souverain, vu que tous les Princes de la terre sont sujets aux lois de Dieu et de nature, et à plusieurs lois humaines communes à tous les peuples” (République, I, 8, p. 95). Le texte latin est encore plus explicite: „Quid autem sit absoluta, vel potius soluta lege potestas, nemo definit. Nam si legibus omnibus solutam definimus, nullus omnino princeps jura majestatis habere comperitur, cum omnes teneat lex divina, lex item naturae, tum etiam lex omnium gentium communis, quae a naturae legibus ac divinis divisas habet rationes” (Ed. latine de 1591, p. 132). Comme le remarque Ralph E. Giesey dans la communication mentionnée plus haut, le prince souverain est, selon Bodin, à la fois legibus solutus et legibus tentus ou alligatus, à la fois „absous de la puissance des lois civiles” et „sujet aux lois de Dieu et de nature”.
McIlwain remarque justement que Bodin ne fait pas de différence entre la monarchie anglaise et la monarchie française: „For Bodin, England and France were essentially alike both were „royal monarchies” and „absolute”, and neither was „despotic” or „seignorial’ (The Growth of Political Thought in the West, p. 386).
République, II, 2, p. 200.
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© 1971 Martinus Nijhoff, The Hague, Netherlands
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Derathé, R. (1971). Theorie et Pratique en Philosophie Politique: La Monarchie Francaise Selon Jean Bodin et Montesquieu. In: von Beyme, K. (eds) Theory and Politics / Theorie und Politik. Springer, Dordrecht. https://doi.org/10.1007/978-94-015-1063-9_4
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DOI: https://doi.org/10.1007/978-94-015-1063-9_4
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