Résumé
Roman Ingarden et Henri Bergson: c’est à dire la rencontre de la philosophie théoretique et de la philosophie de la vie. L’étude de l’analyse critique, que Roman Ingarden (élève de Husserl à Göttingen de 1912 à 1914, et à Fribourg après 1916) a fait de la philosophie bergsonienne de la vie, est une occasion pour comprendre les liaisons entre ces deux courants, qui, à première vue, semblent décidément opposés 1. La phénoménologie de Husserl, en tant que doctrine de la ‘réduction eidétique’, s’oppose à la philosophie bergsonienne de «l’élan vital», au fur et à mesure que 1’‘eidos’ s’éloigne du profond «bathos» et s’élève sur le flux de la vie. C’est là naturellement un schème ‘scolastique’ partiel comme tout schème et destiné à un dépassement dans le milieu de la culture franco-allemande, même au temps de l’école husserlienne de Göttingen. En effet, la distance entre ces deux courants semble raccourcie si l’on considère les ressemblances entre les ‘données immédiates de la conscience’ de Bergson (1889) et le ‘inneres Zeitbewusstsein’ de Husserl (1904–1905), entre les moments de 1’ ‘élan originel de la vie’ et les Erlebnisse, dans le flux de la vie consciente 2. D’après le témoignage de Spiegelberg, à l’occasion d’une conférence tenue par A. Koyré, en 1911, au Cercle de Göttingen, pour y exposer la philosophie de Bergson, Husserl aurait affirmé: «Les vrais bergsoniens, c’est nous !» Plus tard, le chef de l’école phénoménologique a de nouveau confirmé ses rapports les plus stricts avec le bergsonisme3.
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Notes
R. Ingarden, a publié (‘Jahrbuch für Philosophie und phänomenologische Forschung’, vol. V, 1921) un essai, inachevé: Intuition und Intellekt bei Henri Bergson, dont on trouve le rapport par J.-M. Fataud, «Roman Ingarden critique de Bergson», ‘For R. Ingarden, Nine Essays in Phenomenology’, Nijhoff, The Hague, 1959, pp. 7–28.
H. Bergson, L’évolution créatrice(1907), ‘Oeuvres’, PUF, Paris, 1959, p. 569.
Cf. L. Husson, L’intellectualisme de Bergson, Genèse et développement de la notion bergsonienne d’intuition, PUF, Paris, 1947
V. Mathieu, Bergson, il profondo e la sua espressione, Ediz. di ‘Filosofia’, Torino, 1954.
Lettre de E. Stein a R. Ingarden, Herzogenhorn 7-VIII-1917, in R. Ingarden, «Edith Stein on her activity as an Assistant of Edmund Husserl», dans la revue ‘Philosophy and Phenomenological Research’, Philadelphia, 1962, n. 2, p. 171.
A.-T. Tymieniecka, Eros et logos. Esquisse d’une phénoménologie de l’intériorité créatrice. Nauwelaerts, Louvain, 1972, p. 6. De la même auteur: «Imaginatio creatrix. The ‘Creative’ versus the ‘Constitutive’ Function of Man, and the ‘Possible Worlds’,» Analecta Husserliana, Vol. III, Reidel, Dordrecht-Boston, 1974, pp. 3–41.
J’ai developpé cette thèse dans mon essai phénomènologique: M. Sancipriano, L’evoluzione ideale. Fenomenologia pura e teoria dell’evoluzione, Morcelliana, Brescia, 2me edit., 1961.
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Sancipriano, M. (1976). R. Ingarden Et Le ‘Vrai’ Bergsonisme. In: Tymieniecka, AT. (eds) Ingardeniana. Analecta Husserliana, vol 4. Springer, Dordrecht. https://doi.org/10.1007/978-94-010-1443-4_5
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