Galilée Et La Mécanisation Du Systéme Du Monde

Résumé

Tout historien des sciences doit résoudre, á un moment ou á un autre, une difficulté qui engage le sens même de sa recherche. D’une part, quand il étudie une oeuvre, il ne peut guére faire abstraction de ce qui l’a suivie, et qui, d’une certaine façon, représente sa finalité. Mais d’autre part, il est certain qu’en nous poussant inévitablement á distinguer dans toute oeuvre une partie vivante et une partie morte, une telle attitude risque aussi de détruire ce qui fait son originalité, et généralement lui a permis de jouer le rôle qui fut le sien. Mieux que tout autre, et parce qu’elle fut vraiment fondatrice, l’oeuvre de Galil’e illustre cette difficult’. Nul ne peut nier, en effet, qu’elle ait son achevément dans la mécanique céleste de Newton, et donc que le but auquel “tendaient” toutes les découvertes de Galileé-même si ce but ne lui était pas aussi évident qu’il l’est pour nous-est bien la mécanisation du systéme du Monde. Par où j’entends que lorsque Newton, pour reprendre une remarquable formule de Laplace, fait de l’astronomie “la solution d’un grand probléme de mécanique, dont les éléments des mouvements célestes sont les constantes arbitraires”¹, il dégage, en l’actualisant, la fin que portait en elle l’oeuvre galiléenne. Mais déjà nous guette le péril que j’évoquais en commençant.