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D’un scepticisme involontaire à un scepticisme existentiel. Un parcours philosophique dans l’œuvre de Rousseau

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Scepticism in the Eighteenth Century: Enlightenment, Lumières, Aufklärung

Abstract

« Comment peut-on être sceptique par système et de bonne foi ? ». Cette question, que Jean-Jacques Rousseau pose par l’intermédiaire du Vicaire savoyard dans sa célèbre Profession de foi, est le problème auquel nous aimerions réfléchir dans cette étude.

Je tiens à remercier Sébastien Charles et Plinio Smith qui, par leur généreuse invitation au colloque Scepticisme et Lumières ainsi que par leurs commentaires et suggestions, ont rendu possible cette étude. Je remercie également l’Université São Judas Tadeu et le Cégep de Sainte-Foy pour leur soutien financier.

Cela ne se peut est un mot qui sort rarement de la bouche des sages ; ils disent plus fréquemment, je ne sais.

Rousseau, Lettres écrites de la montagne

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Notes

  1. 1.

    PFVS, 567. Les références aux écrits de Rousseau sont données suivant l’édition des Œuvres complètes en cinq tomes établie sous la direction de Marcel Raymond et de Bernard Gagnebin, Paris, Gallimard, coll. « Pléiade », 1959–1995. Nous avons modernisé l’orthographe et parfois la ponctuation. Nous indiquons, d’abord, le titre de l’ouvrage et, au besoin, la partie de l’ouvrage (premier chiffre arabe) ; puis le tome des Œuvres complètes (chiffre romain) ; et, enfin, la pagination de cette édition (second chiffre arabe). Pour les références à la « Profession de foi du Vicaire savoyard », nous ne donnerons que le titre abrégé PFVS et la pagination sans préciser qu’elles proviennent du quatrième livre de l’Émile, tome quatrième des Œuvres complètes. Dans le corps du texte, le titre « Profession de foi du Vicaire savoyard » est le plus souvent écrit sous la forme abrégée Profession de foi, sans guillemets ni italiques. Nous utilisons aussi les abréviations sui-vante : LCB pour Lettre à Christophe de Beaumont ; LEM pour Lettres écrites de la montagne ; SD pour Second Discours (Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes) ; et OC pour les Œuvres complètes.

  2. 2.

    Nous empruntons cette expression à Gérard Defaux, « Montaigne, la vie, les livres : naissance d’un philosophe sceptique », Modern Languages Notes, 117.4, septembre 2002, pp. 780–807.

  3. 3.

    « Lettre de J. J. Rousseau à M. de Voltaire, le 18 août 1756 », OC, IV, 1070–1071. Voir aussi la Lettre à M. de Franquières, OC, IV, 1134.

  4. 4.

    PFVS, 567–568 : « Le doute sur les choses qu’il nous importe de connaître est un état trop violent pour l’esprit humain », avance-t-il tout de suite après avoir soulevé le problème du scepticisme sur lequel nous nous attardons ici.

  5. 5.

    PFVS, 627.

  6. 6.

    Sur la question du scepticisme de Rousseau dans la « Profession de foi du Vicaire savoyard », voir Ezequiel de Olaso, « The Two Scepticisms of the Savoyard Vicar », in Richard A. Watson et James E. Force (eds.), The Sceptical Mode in Modern Philosophy : Essays in Honor of Richard H. Popkin, Dordrecht, Martinus Nijhoff, coll. « Archives internationales d’histoire des idées », 1988, pp. 43–59 ; Sébastien Charles, Berkeley au siècle des Lumières. Immatérialisme et scepticisme au XVIII e siècle, Paris, Vrin, coll. « Histoire de la philosophie », 2003, deuxième partie, chapitre 2, section « Rousseau », pp. 126–130.

  7. 7.

    Émile, 4, IV, 558.

  8. 8.

    Yves Vargas, Introduction à l’Émile de Rousseau, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Les grands livres de la philosophie », 1995, p. 140.

  9. 9.

    Laurence Mall, Émile ou les figures de la fiction, Oxford, Voltaire Foundation, coll. « Studies on Voltaire and the Eighteenth Century », 2002, p. 281.

  10. 10.

    Émile, 4, IV, 558.

  11. 11.

    Le récit débute à la troisième personne – « Il y a trente ans que, dans une ville d’Italie, un jeune homme expatrié se voyait réduit à la dernière misère » (Émile 4, IV, 558) –, mais passe ensuite à la première personne : « Je me lasse de parler en tierce personne ; et c’est un soin fort superflu ; car vous sentez bien, cher concitoyen, que ce malheureux fugitif c’est moi-même » (Émile 4, IV, 563). On remarquera que le narrateur mentionne ici un « concitoyen » à qui serait destiné le texte, autre intermédiaire fictif.

  12. 12.

    Dans la plupart des ouvrages où il commente la Profession de foi, Rousseau maintient cet écart. Voir par exemple LEM, 1, III, 694 : « L’auteur qui a publié les livres où elles [la profession de foi de Julie dans la Nouvelle Héloïse et la Profession de foi dans l’Émile] sont contenues ne les adopte pas en entier… ».

  13. 13.

    PFVS, 567.

  14. 14.

    Ibid.

  15. 15.

    PFVS, 570.

  16. 16.

    PFVS, 576.

  17. 17.

    PFVS, 606–607.

  18. 18.

    PFVS, 626.

  19. 19.

    PFVS, 632.

  20. 20.

    PFVS, 631.

  21. 21.

    PFVS, 626.

  22. 22.

    PFVS, 625–626.

  23. 23.

    Dans sa belle étude « The Two Scepticisms of the Savoyard Vicar », op. cit., Ezequiel de Olaso montre les rapprochements entre cette forme de scepticisme et le scepticisme académique, notamment dans leur opposition au pyrrhonisme antique. Ces rapprochements historiques sont éclairants, mais ils ne nous semblent pas rendre compte de l’ensemble de la démarche sceptique de Rousseau. Pour une discussion de cette thèse, voir Sébastien Charles, Berkeley au siècle des Lumières. Immatérialisme et scepticisme au XVIII e siècle, op. cit. ; et notre étude « Le scepticisme de Rousseau dans la Profession de foi du Vicaire savoyard », Lumen, 25, 2006, pp. 29–40.

  24. 24.

    Voir par exemple PFVS, 627 : « Appelé dans [la religion] que je professe au service de l’Église, j’y remplis avec toute l’exactitude possible les soins qui me sont prescrits, et ma conscience me reprocherait d’y manquer volontairement en quelque point. »

  25. 25.

    Sur ce thème, voir notamment Philip Knee, « L’usage de la fiction : Montaigne et Rousseau », in La Parole incertaine : Montaigne en dialogue, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. « La République des Lettres », 2003, pp. 129–159.

  26. 26.

    Émile 4, IV, 522–523.

  27. 27.

    Rêveries 3, I, 1015.

  28. 28.

    Rêveries 3, I, 1016 et 1018.

  29. 29.

    LCB, IV, 1006.

  30. 30.

    LCB, IV, 927–935.

  31. 31.

    LCB, IV, 960–964.

  32. 32.

    LCB, IV, 966–985.

  33. 33.

    LEM, 1, III, 687.

  34. 34.

    Il faut se montrer prudent dans la lecture des événements et du processus qui ont donné lieu à cette entreprise. On sait que Rousseau avait depuis longtemps le projet d’écrire ses Mémoires, en particulier les souvenirs de sa jeunesse. Des fragments autobiographiques peuvent d’ailleurs être retracés avant les écrits apologétiques. Dans la section « Fragments autographiques et documents biographiques » des Œuvres complètes, I, on trouve notamment Le Persiffleur (1749), des fragments biographiques datant de 1755–1756, Mon Portrait (1761) et les Lettres à Malesherbes (1762). À maintes reprises dans sa correspondance ou dans les Confessions, Rousseau laisse entendre qu’il désirait abandonner le métier d’écrivain après l’Émile pour se consacrer uniquement à ses mémoires. Cependant, ce dessein autobiographique n’était pas envisagé alors comme une part intégrante de son projet philosophique mais, au mieux, en était-il le complément. Aussi ne recevait-il qu’une attention secondaire. Ce qui change avec l’échec des écrits apologétiques, c’est l’importance du projet de peinture du moi dans sa pensée et dans son œuvre : à partir de ce point, l’autobiographie est directement incorporée au projet philosophique, où elle occupe le premier rang.

  35. 35.

    SD, 1, III, 134.

  36. 36.

    Confessions 4, I, 174.

  37. 37.

    Confessions 2, I, 48.

  38. 38.

    Ébauche des Confessions §1, in OC, I, 1153.

  39. 39.

    Confessions 2, I, 84–87 et 8, I, 356–357.

  40. 40.

    Confessions 6, I, 272.

  41. 41.

    Rêveries 1, I, 1000. L’écriture informe de la rêverie, dont le « but » est d’épouser le mouvement de la rêverie vécue et de rendre compte des modifications de l’âme et de leurs successions, renonce ici au « succès » de son entreprise. Pour parvenir au succès de son entreprise, c’est-à-dire pour « fournir des résultats aussi sûrs que [ceux des physiciens sur l’air] » à propos du moi, Rousseau devrait en effet « procéder avec ordre et méthode » et, ce faisant, « [s’]écart[er] de [s]on but » (Rêveries 1, I, 999–1000. Les italiques sont de nous). Autrement dit, le succès d’une entreprise comme celle des Confessions ne semble possible que par la simplification du but, c’est-à-dire par le voilement partiel de la complexité du but, ce à quoi Rousseau se refuse dans les Rêveries. Il accorde donc ici une préséance au but de son projet sur son succès, se « content[ant] de tenir le registre des opérations [de son âme] sans chercher à les réduire en système » ni vraiment les contrôler (Rêveries 1, I, 1001). Toutefois, cet échec relatif, parce qu’il oblige à une exploration incessante de soi, semble un gage d’une plus grande fidélité à soi.

  42. 42.

    Rêveries 8, I, 1074–1075.

  43. 43.

    Rêveries 5, I, 1046.

  44. 44.

    On consultera avec intérêt l’étude de Sébastien Charles, « De Popkin à Rousseau : retour sur le scepticisme des Lumières », Philosophiques, 35.1, printemps 2008, pp. 275–290, qui rapproche la pensée de Rousseau du scepticisme clandestin.

Bibliography

  • Charles, Sébastien. 2003. Berkeley au siècle des Lumières. Immatérialisme et scepticisme au XVIII e siècle. Paris: Vrin.

    Google Scholar 

  • Charles, Sébastien. 2008. De Popkin à Rousseau: retour sur le scepticisme des Lumières. Philosophiques 35(1):275–290.

    Article  Google Scholar 

  • Defaux, Gérard. 2002. Montaigne, la vie, les livres: naissance d’un philosophe sceptique. Modern Languages Notes 117(4):780–807.

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  • Knee, Philip. 2003. La Parole incertaine : Montaigne en dialogue. Québec: Presses de l’Université Laval.

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  • Mall, Laurence. 2002. Émile ou les figures de la fiction. Oxford: Voltaire Foundation.

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  • Nadeau, Marc-André. 2006. Le scepticisme de Rousseau dans La profession de foi du vicaire savoyard. Lumen 25:29–40.

    Article  Google Scholar 

  • Olaso, Ezequiel de. 1988. The two scepticisms of the Savoyard Vicar. In The sceptical mode in modern philosophy. Essays in Honor of Richard H. Popkin, eds. R.A. Watson and J.E. Force, 43–57. Dordrecht: Kluwer.

    Google Scholar 

  • Rousseau, Jean-Jacques. 1959–1995. Œuvres complètes, 5 vols. Paris: Gallimard.

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  • Vargas, Yves. 1995. Introduction à l’Émile de Rousseau. Paris: Presses Universitaires de France.

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Nadeau, MA. (2013). D’un scepticisme involontaire à un scepticisme existentiel. Un parcours philosophique dans l’œuvre de Rousseau. In: Charles, S., J. Smith, P. (eds) Scepticism in the Eighteenth Century: Enlightenment, Lumières, Aufklärung. International Archives of the History of Ideas Archives internationales d'histoire des idées, vol 210. Springer, Dordrecht. https://doi.org/10.1007/978-94-007-4810-1_14

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