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La langue du doublage québécois: un français «idéal» fabriqué au Québec

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Migration, Regionalization, Citizenship

Part of the book series: Politikwissenschaftliche Paperbacks ((POLWIPB))

Abstract

The double dubbing of foreign films from one language into two distinct geographic varieties constitutes a rather unique phenomenon which, in French speaking countries, is observed in Quebec and in France. In a previous article (Reinke and Ostiguy, Z Kanada-Studien 32(1):26–48, 2012), we described and characterised the Quebec dubbing language and noted that the language of the Quebec version is closely aligned with, what the Union des artistes refers to as, an «international French». The latter, however, differs from the real or actual language usage of the Quebecois. The aim of the present study was to establish a link between the existence and maintenance of the quebecois dubbing language and the attitudes of the Quebecois towards their variety of French. To do so, we analysed the epi- and metalinguistic opinions and comments of a sampling of Quebecois, including simple movie-goers as well as dubbing professionals and informed commentators with regard to the language employed in double dubbed foreign films. Within this framework, we would like to highlight some of the more ambivalent aspects of the relations between the Quebecois and their language. The conclusions of our study advance the hypothesis that the dubbing of foreign films can be regarded as a situation whereby the quebecois community expresses both its linguistic insecurity as well as the conflict that it experiences with the French of France; on the one hand by being embarrassed by both, its actual language usage as well as that of the French, on the other hand, by opting for an “international” French, conceived in Quebec.

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Notes

  1. 1.

    Selon un décret de 1961, seuls les doublages québécois des films canadiens-anglais peuvent être montrés en France.

  2. 2.

    Le terme français international est souvent utilisé dans le sens de français normatif, normé ou de référence, c’est-à-dire celui qui est codifié dans les dictionnaires conçus en France pour ce qui est du lexique, dans des grammaires domestiques pour la morphosyntaxe et dans des manuels de prononciation du français contemporain. C’est aussi celui qui est enseigné dans les classes de français langue étrangère.

  3. 3.

    Nous entendons par mots issus de l’argot des unités lexicales qui sont ou qui ont été associées aux français marginaux et non légitimés à fonction crypto-ludiques, conniventielles et identitaires (Goudailler 2002), comme le sont l’argot traditionnel, le verlan et, de façon plus générale, la langue des cités, ou argot des banlieues. Évidemment, les mots issus de l’argot qui s’entendent dans les doublages sont depuis longtemps connus d’une partie du public français et, pour beaucoup, bien intégrés dans sa langue familière. Toutefois, beaucoup n’ont toujours pas d’entrée lexicographique dans les dictionnaires de langue généraux. Ce faisant, ils sont peu connus des autres francophones.

  4. 4.

    «[…] Donc, je crois qu’en tenant compte des divers facteurs influant le tout, il ne faut pas perdre de vue que l’apport du langage utilisé en doublage est un élément important de la qualité générale du français au Québec».

  5. 5.

    Plusieurs travaux ont tenté de montrer comment se manifeste l’insécurité linguistique chez les Québécois, entre autres, Tremblay (1990); Reinke et Klare (2002); Bouchard (2002); Remysen (2004).

  6. 6.

    On dit épilinguistique un discours sur ( grec epi) la langue, ordinairement largement intuitif, mais métalinguistique un discours qui porte sur les structures et les usages de la langue, et, par conséquent, plus analytique.

  7. 7.

    La définition donnée au terme opinion s’inspire de celle présentée dans Breton (2006).

  8. 8.

    C’est le cas, par exemple, du site http://blog.doublage.qc.ca.

  9. 9.

    Union des artistes.

  10. 10.

    Von Flotow (2009) utilise, pour parler de la langue du doublage, le terme synchronien qui met en évidence l’importance de la synchronisation entre les mots et le mouvement des lèvres. Cette contrainte de simultanéité entre les sons d’un mot et le mouvement des lèvres de l’acteur de la version originale joue indubitablement dans les choix de traduction qui seront posés par l’équipe de production du doublage.

  11. 11.

    Forum: Langue, culture, identité.

  12. 12.

    Elvis Gratton est un personnage créé par le cinéaste feu Pierre Falardeau. Dans l’esprit de ce dernier, Gratton, grand admirateur d’Elvis Presley et défenseur du fédéralisme canadien et de la société de consommation américaine, devait être l’image du Québécois colonisé. Pour ce qui est de la langue de Gratton, elle est celle que les Québécois associent aux personnes peu scolarisées.

  13. 13.

    Au Québec, on appelle joual (variante populaire du mot cheval) la variété du FQ la plus dévaluée.

  14. 14.

    Union des artistes – vidéo.

  15. 15.

    Roy-Décarie a œuvré de 1978 à 1991 dans l’industrie du doublage comme technicien et directeur de plateau pour divers studios.

  16. 16.

    Le Blanc est détenteur d’une maîtrise en histoire de l’art option études cinématographiques et auteur de plusieurs articles polémiques critiquant ouvertement les doublages faits au Québec ainsi que la langue du doublage. Ses articles, qui ont alimenté le débat, lui ont valu plusieurs répliques de membres de l’UDA.

  17. 17.

    Vincent Davy, comédien au théâtre à ses débuts, s’est retrouvé à faire du doublage à Paris. Il est parti ensuite pour le Québec où il a poursuivi sa carrière dans le doublage, la traduction et la réalisation.

  18. 18.

    Bernard Derome a été chef d’antenne à la Société Radio-Canada pendant plusieurs années. Il représente encore dans l’imaginaire linguistique des Québécois la référence en matière de norme linguistique québécoise.

  19. 19.

    Denis Arcand a réalisé Le Déclin de l’empire américain et Les Invasions barbares. Comme les personnages de ces deux films sont pour la plupart des universitaires, le FQ qui y est entendu est perçu comme étant de qualité.

  20. 20.

    Doublage québécois, vos avis.

  21. 21.

    Dans ce silence, quelques commentateurs, personnes averties (Warren 2011a, b; Gagnon 2012) ou du public en général, déplorent l’usage de la langue familiére dans certains films québécois. Toutefois, leurs critiques visent surtout les jurons, dont ils trouvent la fréquence abusive, injustifiée et peu représentative de la réalité, et une certaine prononciation décrite comme étant relâchée.

  22. 22.

    Dans un rapport de recherche non publié, Ostiguy (2008) relève que le seul reproche fait encore à la langue des téléromans et des dramatiques est la présence de jurons. En revanche, il constate que les Québécois restent sévères quant à la variété de FQ utilisée dans les émissions d’infovariétés et de divertissement (talk-show, tribunes téléphoniques, commentaires sur les sports) ainsi que dans les spectacles d’humoristes.

  23. 23.

    C’est le cas de CRAZY (Jean-Marc Vallée), La Grande séduction (Jean-François Pouliot), Les 3 P’tits cochons (Patrick Huard), Starbuck (Ken Scott) et Curling (Denis Côté). Par ailleurs, Reinke, dans le cadre d’un séminaire à l’Université de Mayence intitulé Audiovisuelle Übersetzung in Frankreich und Québec, a constaté que les étudiants belges ont eu peu de difficulté à comprendre la version non sous-titrée du film québécois La Grande séduction à comparer aux étudiants français. De plus, ils ont trouvé agréable que le sous-titrage de la version DVD de ce film soit en FQ, contrairement aux derniers qui auraient préféré qu’il soit en français de France. Les attitudes différentes entre les deux communautés mériteraient certes d’être étudiées.

  24. 24.

    En maintenant l’emploi du FI, les maisons de doublage contribuent du même coup à alimenter ce sentiment : le fait que les usages réels des Québécois ne sont pas entendus sur les lèvres d’acteurs étrangers transmet le message qu’ils sont, en quelque sorte, non légitimes (Bourdieu 1982).

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Ostiguy, L., Reinke, K. (2015). La langue du doublage québécois: un français «idéal» fabriqué au Québec . In: Sarkowsky, K., Schultze, RO., Schwarze, S. (eds) Migration, Regionalization, Citizenship. Politikwissenschaftliche Paperbacks. Springer VS, Wiesbaden. https://doi.org/10.1007/978-3-658-06583-6_12

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