La psychologie de l’inconscient et l’esprit français

Résumé

La psychanalyse et les disciplines qui s’y rattachent ont trouvé peu d’écho en France. On distingue généralement trois périodes dans son histoire. La première s’étend jusqu’à 1920 environ. Elle est caractérisée par une ignorance systématique des travaux des psychanalystes. On ne traduit rien des oeuvres de Freud, on ne les connaît qu’à travers quelques rares comptes rendus, le plus souvent tendancieux. Si l’on excepte le livre de MM. Régis et Hesnard «La psychanalyse des névroses et des psychoses»,livre sérieux et bien documenté, nous ne trouvons guère dans la bibliographie de cette phase que des détracteurs de la psychanalyse. La critique, loin d’être fondée et sérieuse, se limite à une facile ironie, arme toujours sûre d’un certain succès, parce qu’elle dispense de la réflexion et celui qui la manie et celui qui s’en délecte. Le meilleur exemple en est l’article publié en septembre 1916, dans le Mercure de France, par le célèbre biologiste Yves Delage. Il est à regretter que la psychose de guerre ait pu annihiler à ce point l’esprit critique de savants tels que lui. Nous n’en citerons pas d’autres: ils manquent d’intérêt, leurs auteurs jugent par ouï-dire, se révoltent contre les prétendus dogmes de la nouvelle doctrine et ne lui opposent que leurs propres postulats.