Premiers voyages, premiers écrits

Résumé

A l’Ecole j’avais été externe; l’étaient presque tous ceux des élèves dont la famille vivait à Paris, ainsi que les rares élèves mariés. La plupart étaient internes et vivaient dans des conditions d’inconfort qui feraient hurler d’indignation les normaliens d’aujourd’hui. Ils couchaient dans des dortoirs, séparés les uns des autres par de légères cloisons qui leur constituaient des sortes de niches individuelles; des chevaux sont plus à l’aise dans leurs écuries. Ils recevaient le vivre et le couvert ainsi qu’un peu d’argent de poche, à peine suffisant pour s’offrir des cafés chez «la baronne»; on nommait ainsi la patronne du bar que nous fréquentions rue Claude-Bernard, et où on nous voyait le plus souvent en «tenue bonvoust», c’est-à-dire vêtus de salopettes (on ne parlait pas encore de blue-jeans) qui nous étaient distribuées pour les séances de préparation militaire (dites «bonvoust», du nom d’un capitaine qui les avait dirigées quelque temps). Ceux qui recherchaient des ressources supplémentaires les demandaient aux «tapirs» c’est-à-dire aux lycéens, heureusement assez nombreux, qui prenaient auprès d’eux des leçons particulières. Depuis lors on a vu, dit-on, des normaliens se procurer des ressources moins avouables.