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La Mothe Le Vayer et l’Académie sceptique

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Academic Scepticism in the Development of Early Modern Philosophy

Abstract

L’Académie sceptique est essentielle à la compréhension du scepticisme de La Mothe Le Vayer, en raison du rôle clef que « le Plutarque français » confère au concept de vraisemblable (ou probable). Le vraisemblable n’intervient pas spécifiquement dans le cadre d’une théorie sceptique de l’action, comme dans l’Académie sceptique, mais plutôt dans la pesée intellectuelle des arguments, et à des fins de neutralisation. Plus exactement, La Mothe Le Vayer recherche au moyen du vraisemblable une distance intellectuelle vis à vis des doctrines qui font autorité, pour en modérer l’adhésion. Contre la honte qu’il y aurait à se dédire, à reconnaître que l’on s’est trompé, il pratique l’incertitude en faisant de la rétractation le moteur de l’exploration de la variété des opinions auxquelles il adhère successivement. Le vraisemblable hérité de la Nouvelle Académie constitue ainsi le sceptique en « touche à tout » satisfait jusqu’au ravissement de ce qui s’offre comme substitut au vrai. C’est ainsi que la promotion du vraisemblable, dans le cadre du scepticisme de La Mothe Le Vayer, se présente indissociablement comme une réplique libertine au discours de Saint Augustin dans Contre les Académiciens.

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Notes

  1. 1.

    La Mothe Le Vayer, Œuvres, Slatkine Reprints, Homilies académiques, Préface, Vol I, p. 572 : « L’épithète d’Académiques que j’ai joint à celles-ci, sert d’une distinction formelle, puisqu’il témoigne que presque tout y est problématique. »

  2. 2.

    Problèmes sceptiques, Préface, Slatkine, Vol II, p. 273 : « Personne n’ignore qu’un problème ne soit une proposition douteuse, ordinairement accompagnée d’interrogation, et parce qu’il y a deux branches, l’une affirmative, l’autre négative, j’ai donné le devant à cette dernière, faisant marcher le Non devant le Oui, sur la souvenance que j’ai eue du génie de Socrate. »

  3. 3.

    De la vertu des païens, chapitre Pyrrhon et les pyrrhoniens, Slatkine, Vol II, p. 191 (288).

  4. 4.

    De la vertu des païens, Slatkine, Vol II, p. 191 : « Qui Pyrrhonicus totus erat excepto nomine, idem Academici, praeter nomen habebat nihil » : « Le même, qui avait tout du pyrrhonien excepté le nom, n’avait pas d’autre nom que celui d’académicien. »

  5. 5.

    Voir notamment dans Petits traités en forme de lettres Slatkine, Lettre CXLV (Des doutes raisonnés), Slatkine, Vol II, p. 734 (200) : « La Sceptique a cet avantage que, sans s’attacher déterminément à rien, elle compose son système de ce qui lui paraît apparemment recevable dans toutes les autres sectes, imitant l’adresse du peintre Zeuxis, qui sut donner à son Hélène toutes les grâces des cinq plus belles filles de Crotone. »

  6. 6.

    De la vertu des païens, op. cit., Vol II, p. 192 (292).

  7. 7.

    De la vertu des Païens, p. 191 (288). C’est moi qui souligne. Cf. Opuscule sceptique sur cette commune façon de parler n’avoir pas le sens commun, éd. du Promeneur, Paris, 2003, p. 100 : « La Sceptique n’avance guère de proposition, sans nous exposer avec beaucoup de probabilité celle qui lui est contraire. »

  8. 8.

    Esquisses pyrrhoniennes, I, 27 (202), traduction P. Pellegrin, Paris, éd.. du Seuil, 1997.

  9. 9.

    Voir par exemple Cicéron, Académiques, II, XXXI, 101, traduction J. Kany-Turpin, GF-Flammarion, Paris, 2010, p. 231 : « Et quelle que soit la chose qui touche le sage de telle manière que sa représentation lui paraisse probable et sans empêchement, il cèdera à l’impulsion ». C’est moi qui souligne. Cf. III, p. 125: « Nous considérons comme probables bien des opinions que nous pourrions facilement suivre mais difficilement affirmer avec certitude. »

  10. 10.

    Esquisses pyrrhoniennes, I, 11 (21–22), Du critère du scepticisme.

  11. 11.

    De la vertu des païens, p. 194.

  12. 12.

    Ibid, p. 192 (292).

  13. 13.

    Petits traités en forme de lettres écrites à diverses personnes studieuses, Lettre CXXIV, Du prix de la Sceptique, Slatkine, Vol II, p. 677 (383–384).

  14. 14.

    Dans les Opuscules ou Petits Traités (De la vie et de la mort, Slatkine, Vol I, p. 394 (313)), La Mothe Le Vayer associe « la voie moyenne » à « l’indifférence académique ».

  15. 15.

    Opuscule sceptique sur cette commune façon de parler «n’avoir pas le sens commun », op. cit., p. 100.

  16. 16.

    Ce type de mise en scène emprunté au Silles de Timon n’est pas absent des textes de La Mothe Le Vayer, puisqu’on le trouve dans l’Opuscule sceptique sur cette commune façon de parler n’avoir pas le sens commun (p. 86) où le sceptique est comparé à Jupiter qui, d’un étage supérieur, demeure indifférent face aux contestations des autres dieux.

  17. 17.

    Académiques, II, XLII, 130. Cf. Opuscule sceptique sur cette commune façon de parler « n’avoir le sens commun », op. cit., p. 86 : « Ce n’est pas à dire pour cela que cette aphasie pyrrhonienne nous rend par son indifférence insensibles à tout, ni qu’elle prive notre âme de ses fonctions ordinaires, comme quelques-uns ont voulu dire. »

  18. 18.

    Académiques, II, III, 8, p. 125.

  19. 19.

    Académiques, II, XXXIV, 108, p. 241.

  20. 20.

    Doute sceptique, Slatkine, Vol II, p. 326 (424).

  21. 21.

    Opuscule sceptique sur cette commune façon de parler « n’avoir le sens commun », p. 85.

  22. 22.

    Cicéron, Académiques, II, III, 7, p. 125 : « il y a dans les choses mêmes tant d’obscurité et dans nos jugements tant de faiblesse… ».

  23. 23.

    Voir le Varron (Académiques, I), XII, 44, p. 111 où Cicéron rapporte ainsi la pensée de Carnéade : « rien n’est plus honteux que de voir l’assentiment et l’approbation se précipiter pour devancer la connaissance et la perception ». L’assentiment est présenté dans le Lucullus (XXXIV, 108, p241) comme « une bête sauvage et immonde ».

  24. 24.

    Homilies académiques, I, Vol I, p. 575 (12–13) : « Je n’ignore pas que l’incertitude d’esprit passe ordinairement pour un vice, comme elle l’est sans difficulté lorsqu’elle n’a point de bornes, et que le vraisemblable ne peut l’arrêter. »

  25. 25.

    Promenade en neuf dialogues, VII, Slatkine, Vol II, p. 744 (218–29).

  26. 26.

    Cf. Opuscule sceptique sur cette commune façon de parler « n’avoir le sens commun », op. cit., p. 87. « Car bien que nous n’admettions jamais cette certitude magistrale des autres Sectes, nous ne laissons pas d’acquiescer au vraisemblable, et de suivre l’apparence des choses autant de temps qu’elle dure. »

  27. 27.

    Homilies académiques, I, Des disputes opiniâtres, Vol I, p. 574 : « d’où leur venait la pleine liberté qu’ils [les philosophes des trois Académies] s’attribuaient de changer d’avis, autant de fois qu’il leur prenait fantaisie. »

  28. 28.

    Voir la préface des Problèmes sceptiques, Slatkine, Vol II, p. 273 : « Ce sont des ébats innocents d’une Sceptique qui, sans rien déterminer, m’a fait imaginer ce que contiennent ces problèmes. »

  29. 29.

    Montaigne, Essais, III, 3, éd. Villey, Paris, PUF, Quadrige, 1992, p. 821.

  30. 30.

    Descartes, Discours de la méthode, Partie III, éd. Adam Tannery, 24 : « Et, particulièrement, je mettais entre les excès toutes les promesses par lesquelles on retranche quelque chose de sa liberté (…). Mais à cause que je ne voyais au monde aucune chose qui demeurât toujours en même état, et que, pour mon particulier, je me promettais de perfectionner de plus en plus mes jugements, et non point de les rendre pire, j’eusse pensé commettre une grande faute contre le bon sens, si, parce que j’approuvais alors quelque chose, je me fusse obligé de la prendre pour bonne encore après, lorsqu’elle aurait peut-être cessé de l’être, ou que j’aurai cessé de l’estimer telle. »

  31. 31.

    Dialogues faits à l’imitation des Anciens, De l’ignorance louable, Paris, éd Fayard, 1982, p. 365.

  32. 32.

    Mémorial de quelques conférences avec diverses personnes studieuses, LVII.

  33. 33.

    Promenade en neuf dialogues, VII, Vol I, Slatkine Reprints, Vol I, p. 744 (216–217). Cf. Homilies académiques, XXIV (De la diversité), Slatkine, Vol I, p. 666 (379) : « Chacun a son génie particulier, comme un autre Protée, qui lui fait prendre diverses faces, et qui le fait tourner aussi bien que les girouettes à tous vents. »

  34. 34.

    Homilies académiques, I, Vol I, p. 574 (12).

  35. 35.

    Promenade en neuf dialogues, II, Slatkine, Vol I, p. 706 (67) : « Quand je parle ici de bonnes raisons, ou même de probables, ne vous imaginez pas, je vous prie, que j’emploie ces termes dans la signification que les dogmatiques leur donnent, ni que je me sépare pour cela de l’acatalepsie, ou de la suspension des sceptiques, aux choses qui la souffrent sans inconvénient, et sans blesser la conscience. »

  36. 36.

    Académiques, I, XII, 45 : « Arcésilas affirmait qu’on ne peut rien savoir (…). Il pensait donc que tout se cache dans l’obscurité, que rien ne peut être perçu ni compris; que pour cette raison on ne doit jamais rien assurer, rien affirmer, rien approuver. »

  37. 37.

    Opuscule sceptique sur cette commune façon de parler «n’avoir pas le sens commun », éd. du Promeneur, p. 92.

  38. 38.

    Académiques, II, III, 7, p. 125 : « Il y a dans les choses mêmes tant d’obscurité, et dans nos jugements tant de faiblesse que les penseurs les plus anciens et les plus savants doutèrent avec raison de pouvoir trouver ce qu’ils désiraient. Pourtant, ils ne se découragèrent pas. » C’est moi qui souligne.

  39. 39.

    Dialogues faits à l’imitation des Anciens, De l’opiniâtreté, p. 386.

  40. 40.

    Petits Traités en forme de lettres écrites à diverses personnes studieuses, Lettre CXXXIV, Du savoir humain, Slatkine, Vol II, p. 715.

  41. 41.

    Voir Du mensonge, Slatkine, Vol I, p. 477 (124).

  42. 42.

    Académiques, II, III, 7, p. 125 : « Et nous non plus, même épuisés, nous n’abandonnerons pas notre recherche assidue, mais nos discussions n’ont pas d’autre but, en exposant et en écoutant le pour et le contre, que d’attirer et pour ainsi dire extirper quelque chose de vrai ou qui approche le plus possible de la vérité. »

  43. 43.

    Dialogues faits à l’imitation des Anciens, De l’ignorance louable, p. 224.

  44. 44.

    Ibid., p. 369.

  45. 45.

    Ibid., p. 301.

  46. 46.

    Opuscules ou Petits traités, Du mensonge, Slatkine, Vol I, p. 477.

  47. 47.

    Académiques, II, XLI, 127, p. 263

  48. 48.

    Doute sceptique, Slatkine, Vol II, p. 326.

  49. 49.

    De l’ignorance louable, p. 301.

  50. 50.

    Opuscules ou petits traités, Du mensonge, Slatkine, Vol I, p. 477 (125).

  51. 51.

    Homilies académiques, IX, Vol I, p. 605.

  52. 52.

    Pascal, Pensées, frag. 744 (Lafuma) : « Quand on ne sait pas la vérité d’une chose, il est bon qu’il y ait une erreur commune qui fixe l’esprit des hommes (…) car la maladie principale de l’homme est la curiosité inquiète des choses qu’il ne peut savoir (…). »

  53. 53.

    Opuscules sceptiques sur cette commune façon de parler n’avoir pas le sens commun, op cit., p. 93.

  54. 54.

    Opuscules ou Petits Traités, Du mensonge, Slatkine, Vol I, p. 486.

  55. 55.

    Prose chagrine, partie III, Slatkine Reprints, Vol I, p. 534.

  56. 56.

    Ibid, p. 537.

  57. 57.

    Ibid, p. 539 (375–376). C’est moi qui souligne.

  58. 58.

    Petits traités en forme de lettres écrites à diverses personnes studieuses, Lettre LXXII, De la méditation, Slatkine, Vol II, p. 504 (104–105) : « Notre esprit, tournant une matière qu’il se propose en cent façons différentes, lui donne toutes les formes qu’il est capable de recevoir, de même qu’un potier fait ce qu’il veut de sa terre argileuse, la remuant à sa fantaisie, selon les lois de son métier ». Cet usage singulier de la raison s’inspire sans doute des Essais de Montaigne, II, 12, p. 565 : « J’appelle toujours raison, cette apparence de discours que chacun forge en soi : cette raison, de la condition de laquelle il y en peut avoir cent contraires autour d’un même sujet; c’est un instrument de plomb et de cire, allongeable, ployable et accommodable à tous biais et à toutes mesures; il ne reste que la suffisance de le savoir contourner. »

  59. 59.

    Opuscules ou Petits traités, Du mensonge, p. 478–479.

  60. 60.

    Opuscule sceptique sur cette commune façon de parler n’avoir pas le sens commun, respectivement p. 94 et p. 101.

  61. 61.

    Saint Augustin, Contre les académiciens, Livre III, XVII, 38.

  62. 62.

    Académiques, II, V, 15.

  63. 63.

    Doute sceptique, Vol II, p. 328.

  64. 64.

    Opuscule sceptique sur cette commune façon de parler « n’avoir pas le sens commun », p. 89.

  65. 65.

    Petits traités en formes de lettres, Lettre CXXIV (Du prix de la Sceptique), Slatkine, Vol II, p. 677 (p. 384).

Bibliographie

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Giocanti, S. (2017). La Mothe Le Vayer et l’Académie sceptique. In: Smith, P., Charles, S. (eds) Academic Scepticism in the Development of Early Modern Philosophy. International Archives of the History of Ideas Archives internationales d'histoire des idées, vol 221. Springer, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-319-45424-5_4

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