Skip to main content

Le réel et le transcendantal dans la phénoménologie de Marc Richir

  • Chapter
  • First Online:
La phénoménologie génétique de Marc Richir

Part of the book series: Phaenomenologica ((PHAE,volume 214))

  • 362 Accesses

Abstract

La phénoménologie de la phénoménologie prend chez Richir une importance accrue. Elle ne caractérise pas seulement, comme chez Husserl , les conditions de possibilité de l'accès d'une conscience à la réduction, mais le fait même qu'il y ait expérience et qu'il soit possible d'en parler. Les réflexions que Richir consacre à la question de l'affectivité , et, au-delà, le développement du concept d' interfacticité transcendantale – le fait que l'affectivité , à son niveau le plus profond, ne soit pas d'emblée seulement la mienne, et que des affects et des tonalités affectives ne puissent s'échanger dans la structure du regard, en deçà de la constitution de l'intersubjectivité proprement dite – contribuent à développer un retour réflexif sur la méthodologie même de l'enquête.

This is a preview of subscription content, log in via an institution to check access.

Access this chapter

Chapter
USD 29.95
Price excludes VAT (USA)
  • Available as PDF
  • Read on any device
  • Instant download
  • Own it forever
eBook
USD 39.99
Price excludes VAT (USA)
  • Available as EPUB and PDF
  • Read on any device
  • Instant download
  • Own it forever
Hardcover Book
USD 54.99
Price excludes VAT (USA)
  • Durable hardcover edition
  • Dispatched in 3 to 5 business days
  • Free shipping worldwide - see info

Tax calculation will be finalised at checkout

Purchases are for personal use only

Institutional subscriptions

Notes

  1. 1.

    Ainsi, la thématique de la rencontre de la première extériorité , que Richir décrivait à la jointure du schématisme et des synthèses passives dites « de troisième degré », est à présent ressaisie par le concept de « l'élément fondamental », ce qui permet précisément de mieux distinguer ses dimensions « métaphysiques » et pré-phénoménologiques, c'est-à-dire son rôle architectonique précis et la façon dont il s'inscrit dans ses transpositions successives.

  2. 2.

    Marc Richir , « La refonte de la phénoménologie », Annales de phénoménologie n°7/2008, p. 208.

  3. 3.

    Cf. M. Richir, « Mutatis mutandis, nous nous retrouvons dans la situation où s'est trouvé Descartes quand il s'est agi pour lui de revenir de l'hyperbole du doute (et du cogito) à une réalité inébranlable qui lui soit extérieure – difficulté qui se pose dès que le réel n'est plus pris, comme par exemple chez Husserl , depuis le mode originaire de l'être et de la conscience. La difficulté est de ne pas poser immédiatement l'élément fondamental comme « point métaphysique », (…) comme Dieu (…) au-delà du sublime , source ultime de la position, ou bien en tant que matière, matrice ultime de la position que rien, apparemment, ne retient d'assimiler à l'esprit, et une étendue originaire, matière pour la démiurgie divine (…). Il faut donc laisser l'élément fondamental « là où il est », c'est-à-dire, dans l' épochè phénoménologique hyperbolique, sans position, au-delà (ou en deçà de la réalité) et de l'irréalité », FPTE, op.cit., p. 327–328.

  4. 4.

    M. Richir, FPTE, op.cit., p. 301.

  5. 5.

    M. Richir, « En tout cas, la transcendance radicale de l'élément fondamental implique qu'elle ne détermine rien, que les déterminations viennent de nous. Le seul indice attestant cette transcendance est, encore une fois, notre non-adhérence à notre vie et à notre expérience », FPTE, op.cit., p. 329.

  6. 6.

    Nous remercions Stanislas Jullien dont les remarques ont été importantes pour nous permettre de mieux préciser le problème spéculatif posé par le concept d'élément fondamental.

  7. 7.

    On pourra remarquer que Jean-Luc Nancy, pour dénoncer l'absurdité de la position d'une extériorité pure, hors-sens, donne de celle-ci une description proche de celle du concept d'élément fondamental. Ainsi, écrit-il, « (…) cette limite est le corps, non pas comme une pure et simple extériorité au sens, non pas comme on ne sait quelle « matière » intacte, intouchable, enfoncée dans une invraisemblable transcendance close dans l'immédiateté la plus épaisse (cela, c'est l'extrémité caricaturale du « sensible » de tous les idéalismes et de tous les matérialismes) ». Jean-Luc Nancy , Corpus, Paris, Éditions Métailler, 2000, p. 24. Pour autant, si Richir est amené à introduire une telle extériorité, c'est en refusant de lui conférer aucun statut ontologique, en la considérant comme concept transcendantal pur, comme position spontanée de la pensée dès lors que celle-ci entend définit négativement le sens. Cette position est d'une certaine façon un produit nécessaire de la pensée se donnant la forme de l'extériorité comme extériorité : Jean-Luc Nancy lui-même est amené à la produire, fut-ce comme repoussoir, comme forme de ce qu'on tente de posé comme extériorité au sens. La position formelle de l'élément transcendantal délimite de facto le plan du phénoménologique ; elle joue le rôle de régulateur transcendantal au sein de l'analyse, et tout autant, de point d'inscription nécessaire du métaphysique au sein du transcendantal.

  8. 8.

    Les exemples régulièrement donnés par Michel Henry de la souffrance, de la tristesse ou de l'amour qui « ne révèlent qu'eux-mêmes à l'infini » sont à ce titre trompeurs, car il ne s'agit précisément pas là d'affects, ni même de sentiments, mais d'états qui révèlent un certain rapport mutuel des affects et des sentiments.

  9. 9.

    Par un paradoxe en apparence surprenant, la concrétude du concret, lorsqu'on cherche à la saisir à même l'expérience, reflue bien en deçà de sa dimension vécue. L'intérêt de la phénoménologie de Richir vient aussi de ce qu'elle permet de « penser phénoménologiquement l'impensabilité du caractère vécu de l'expérience » sans l'enfermer sous une détermination métaphysique fatalement idéaliste, ni se perdre dans l'inconsistance d'une rhétorique de l'indéterminable. Il s'agit bel et bien d'une tentative de prendre phénoménologiquement la mesure des efforts de l'idéalisme allemand pour « penser l'impensabilité de l'impensable » et lui donner un statut pour la pensée.

  10. 10.

    Marc Richir, « La refonte de la phénoménologie », Annales de phénoménologie n°7/2008, p. 206.

  11. 11.

    E. Husserl, De la réduction phénoménologique. Textes posthumes (1926–1935), Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 2008, p. 155.

  12. 12.

    D. Cairns, « Ou se trouve l'évidence de mon ontologie ? L'ontologie [comme] toute science est un produit subjectif. Je suis obligé de me rabattre sur le monde de la doxa comme source de toute epistémé (…). », Conversations avec Husserl et Fink , p. 76 (trad. 168). L'ambiguïté de l'ontologie conduirait ainsi nécessairement à la phénoménologie.

  13. 13.

    Une autre motivation pour Husserl est le développement de la mathématique moderne et des types de raisonnement que celle-ci développe. La théorie des multiplicités de Riemann ouvre ainsi la possibilité d'une théorie des types de théories, tandis que le programme d'Erlangen anticipe la variation eidétique en examinant les métamorphoses qu'une structure peut subir sans perdre ses propriétés fondamentales et en typifiant des objets en fonction de telles invariances.

  14. 14.

    M. Richir, « La refonte de la phénoménologie », op.cit., p. 206.

  15. 15.

    M. Richir, « C'est donc, qu'il s'agisse du contact de soi à soi ou du contact de soi à la Sache, un contact tout « incorporel » et tout « immatériel », qui s'apparente à la synaisthesis entre l'Un et ce qui n'est « pas encore » l'intelligible chez Plotin », « La refonte de la phénoménologie », Annales de phénoménologie 2008, p. 208–209.

  16. 16.

    M. Richir, ibid., p. 203 : « (…) il vient qu'on ne peut plus se fier à la continuité du présent, que la temporalisation l'est non pas du présent, mais de présents pluriels et discontinus, et que, par suite, la perception interne, même phénoménologiquement purifiée, peut-être illusoire, illusionnée et même illusionnante, car toujours « contaminée » par les simulacres de l'imagination ».

  17. 17.

    Marc Richir , « La refonte de la phénoménologie », Annales de phénoménologie n°7/2008, p. 208.

  18. 18.

    M. Richir, ibid., p. 210.

  19. 19.

    Albino Lanciani, « Phénoménologie et réalité du physicien », dans P. Kerzberg , A. Mazzu , et A. Schnell (éds) , L'œuvre du phénomène, Mélanges de philosophie offerts à Marc Richir .

  20. 20.

    Richir revendique explicitement l'inspiration « quantique » de certains concepts qu'il développe dans sa phénoménologie, en particulier lors qu'il thématise la question du virtuel. Cf. là encore « La refonte de la phénoménologie », Annales de phénoménologie n°7/2008, p 207.

  21. 21.

    M. Richir , « Mécanique quantique et philosophie transcendantale », La liberté de l'esprit, Crises, Paris, Hachette, n°9-10, 1985. Signalons que pour Richir, la problématique transcendantale de l'institution de l'objet physique se pose de façon renouvelée à travers les paradoxes de la mécanique quantique. La singularité des observables quantiques apparaît radicalement contingente pour la théorie classique mais n'en manifeste pas moins l'insistance d'une chose, mais d'une chose dont l'objectivité est mathématiquement construite sans que cette construction ne puisse être physiquement et métaphysiquement interprétable. Marc Richir souligne en particulier que les états quantiques ne sont pas représentables par les moyens classiques de la représentation physique ou philosophique. Leur représentabilité mathématique fait ainsi de la mécanique quantique une théorie physique mathématique transcendantale (au sens kantien du terme) qui a réussi à intégrer dans son appareil les conditions a priori de sa possibilité : l'objet de la théorie physique est un objet réel, mais au sens transcendantal du terme. Richir souligne alors qu'« (…) il n'y a pas d'ontologie coextensive ou corrélative de la théorie quantique. Si la violation systématique des inégalités de Bell montre l'impossibilité d'attribuer à un système quantique des propriétés permanentes, ce n'est pas que le « réel » demeure « caché » ou « voilé », mais c'est au contraire qu'il n'a de sens physique qu'à être pris dans l'ordre du phénomène en lequel sont inclus, non pas les observateurs, en tant que contemplateurs, mais les appareils expérimentaux d'observation et de mesure », Ibid., p. 209.

  22. 22.

    M. Richir, ibid., p 209–210.

  23. 23.

    M. Richir, ibid., p. 210.

  24. 24.

    M. Richir, « (…) c'est le prix à payer, finalement, pour la mise en jeu de l' épochè phénoménologique hyperbolique, et l'abandon de la visée métaphysique à se mouvoir exclusivement dans la « plaine de la vérité ». Toujours doit peser sur l'entreprise proprement phénoménologique le soupçon », « Langage et institution symbolique », Annales de Phénoménologie, n° 4/2005, p. 138.

  25. 25.

    Pour cela, voir notre développement sur le concept de phantasia perceptive, IV, C, §1 et §2.

  26. 26.

    M. Richir, « La refonte de la phénoménologie », op.cit., p. 209.

  27. 27.

    Toute positivité pré-donnée étant mise hors circuit, il n'y a que le « moment » du sublime qui puisse « sauver » du nihilisme. M. Richir , « Sublime et pseudo-sublime. Pourquoi y a-t-il phénoménologie plutôt que rien ? », Annales de Phénoménologie, n° 9/2010, p. 31.

  28. 28.

    Déconnexion au moins partielle, caractérisée ainsi de façon idéal-typique, une déconnexion totale étant inconcevable, schématisme et affectivité étant introduits l'un par rapport à l'autre dans la pensée richirienne.

  29. 29.

    La transcendance que manifeste l'expérience du sublime n'est cependant pas directement celle de l'élément fondamental.

  30. 30.

    M. Richir, FPTE, op.cit., p. 10.

  31. 31.

    M. Richir, « Langage, poésie, musique », dans Annales de Phénoménologie n° 8/2009, p. 62.

  32. 32.

    Les analyses proposées à ce sujet dans les Variations sur le sublime et le soi, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 2010, sont bien plus détaillées. Mais la problématique qu'elles inaugurent dépasse l'horizon de notre travail dont nous avons fixé les limites aux Fragments phénoménologiques sur le langage : nous préférons de ce fait en réserver la discussion à des recherches ultérieures.

  33. 33.

    M. Richir, Variations sur le sublime et le soi, et Sur le sublime et le soi. Variations II, Amiens, Mémoires des Annales de Phénoménologie, 2011.

References

  • Variations sur le sublime et le soi, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 2010.

    Google Scholar 

  • « Mécanique quantique et philosophie transcendantale », La liberté de l'esprit, Crises, Paris, Éditions Hachette, 1985.

    Google Scholar 

  • « La refonte de la phénoménologie », Annales de phénoménologie, n° 7/2008, Beauvais, Association pour la Promotion de la Phénoménologie, 2008.

    Google Scholar 

  • SCHNELL Alexander, Le sens se faisant, Marc Richir et la refondation de la phénoménologie transcendantale, Bruxelles, Éditions Ousia, 2011.

    Google Scholar 

Download references

Author information

Authors and Affiliations

Authors

Rights and permissions

Reprints and permissions

Copyright information

© 2015 Springer International Publishing Switzerland

About this chapter

Cite this chapter

Forestier, F. (2015). Le réel et le transcendantal dans la phénoménologie de Marc Richir. In: La phénoménologie génétique de Marc Richir. Phaenomenologica, vol 214. Springer, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-319-10026-5_8

Download citation

Publish with us

Policies and ethics