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L’avenir du Crétinisme

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Mind, Values, and Metaphysics
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Abstract

I take up here Kevin Mulligan’s idea that stupidity—actually stultitia, foolishness—is insensitivity to the values of knowledge, and argue that this marks the difference between the classical conception and the romantic one. I conclude with some loose considerations about stupidity in contemporary philosophical productions.

«Il nous arrive parfois de penser que le contraire de «crétin»

ne serait pas «intelligent», mais «sobre».

Fruttero et Lucentini, Il ritorno del cretino,

Mondadori, 1992, tr. fr. Arléa 1993

Devenue Force industrielle, l’Intelligence a été mise en contact

et en concurrence avec les Forces du même ordre mais qui la

passent de beaucoup comme force et comme industrie.

Charles Maurras, L’avenir de l’intelligence, 1903

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Notes

  1. 1.

    La philosophie de la bêtise – ou plutôt l’essayisme sur la bêtise – est un genre très pratiqué aujourd’hui. Elle donne lieu à des sottisiers, des encyclopédies et à nombre d’essais littéraires ou plus ou moins philosophiques. La plupart sont amusant mais superficiels comme ceux de Canone (2007), ou indigents comme celui de Jerphagnon (2010), qui n’est qu’une rhapsodie de citations qui ne tente même pas de classer les formes de bêtise, ou encore affligeants comme celui de Ronell (2006). Les seuls ouvrages qui ont un intérêt théorique sont: Deleuze (1968); Adam (1975); Rosset (1977); et Roger (2008). Sartre, dans L’idiot de la famille, a quelque belles pages sur la bêtise chez Faubert, mais s’englue dans ses catégories dialectico-freudiennes. Sur la bêtise littéraire voir notamment Deshoulières (2005) et Herschberg-Pierrot (2012). Livres et les articles sur la bêtise abondent, sans doute parce que la peur d’être dupe de la bêtise monte autant que le niveau de la bêtise elle-même, que certains même mesurent. De ce point de vue, le livre de Cippola (1988/2012) est un classique de l’approche quantitative et statistique, qui ne tente pas plus de définir la bêtise, mais énonce deux lois fondamentales (<<Chacun sous-estime toujours inévitablement le nombre d’individus stupides existant dans le monde>> et <<la probabilité qu’un individu soit stupide est indépendante de toutes les autres caractéristiques de cet individu>>) Je partage avec Mulligan la conviction qu’on peut définir la bêtise et ses espèces, et qu’elle n’est pas aussi insaisissable que les romantiques et le post-modernes le soutiennent. Le vocabulaire de la bêtise est nécessairement <<épais>> au sens de Bernard Williams, mais cela ne veut pas dire qu’on ne puisse pas distinguer les différences spécifiques au sein de l’espèce: idiot, sot, bête, imbécile, crétin, con, etc. ne désignent pas les mêmes caractéristiques, et celles-ci diffèrent d’une langue à l’autre (?dum, moron, nut, tor, sciocco, tonto ne sonnent pas, d’une langue à l’autre, de la même manière).

  2. 2.

    KrV tr. Anal. 2. B. Einl. Anm. (I 179—Rc 234) cf K. Eisler, Kant Lexicon <<Mangel an Urteilskraft”. Einem solchen Gebrechen ist nicht abzuhelfen, KrV tr. Anal. 2. B. Einl. Anm. (I 179—Rc 234). Dummheit ist <<Mangel an Urteilskraft ohne Witz”, Anthr. § 46 (IV 117). Vgl. N 506—523.

  3. 3.

    Ceci est très bien vu par Deleuze (1968). Pour prendre la mesure du savoir accumulé par les deux bonhommes, voir notamment Gayon (1998).

  4. 4.

    C’est la perspective, plutôt Aufklärer, de Massimo Piatelli-Palmarini (1998), dans son introduction à cette littérature.

  5. 5.

    Humilis res est stultitia, abiecta, sordida, seruilis, multis affectibus et sacrissimis subiecta. Hos tam graues dominos, interdum alternis imperantes, interdum pariter, dimittit a te sapientia, quae sola libertas est. Una ad hanc fert uia, et quidem recta; non aberrabis; uade certo gradu. Si uis omnia tibi subicere, te subice rationi; multos reges, si ratio te rexerit. Ab illa disces quid et quemadmodum aggredi debeas; non incides rebus (à Lucilius, IV, 37).

  6. 6.

    Ce que Bernard Williams (2002/2006) appelle les vertus de vérité sont les vertus classiques par excellence, même si comme Williams le montre elles ont une histoire.

  7. 7.

    Alain Roger, qui défend nettement la conception romantique de la bêtise, fait de la tautologie l’essence de la bêtise, reprenant une idée de Schopenhauer qui sera aussi au centre des essais de Rosset (1977).

  8. 8.

    Benda, mieux que tout autre, dans sa hargne contre le bergsonisme, vit parfaitement comment ce dernier récupéra les notions de vie, de changement et de dynamisme au bénéfice de l’intelligence et de l’intuition, opposées au statisme du concept et de la raison. Pour Benda, la bêtise, c’est Belphégor, le dieu amorphe. Pour Bergson, la bêtise c’est le contraire de l’intelligence créatrice et dynamique.

  9. 9.

    Presque tout ce qu’il y à dire ici l’est par Kevin Mulligan, op cit.

  10. 10.

    Le titre de la traduction française est L’art de dire des conneries, qui ne me paraît pas rendre l’idée.

  11. 11.

    Alain Badiou (2005) a parlé de <<l’aventure de la pensée française contemporaine et un livre porte le nom: <<Vincennes: une aventure de la pensée française: Vincennes>> (Djian 2009).

  12. 12.

    Parmi d’excellentes nosologies, il y a les essais de Frederic Nef et de Kevin Mulligan que j’ai jadis publiés dans Stanford French Review 17. 1994, mais personne ne semble les avoir lus. L’article de Jon Elster (2011) dresse une bonne nosologie, mais ne donne aucune étiologie.

  13. 13.

    Cf. Peirce (1931/1947, p. 56) <<Lessons from the history of science”: The effect of mixing speculative inquiry with questions of conduct results finally in a sort of half make-believe reasoning which deceives itself in regard to its real character.… In short, it is no longer the reasoning which determines what the conclusion shall be, but it is the conclusion which determines what the reasoning shall be. This is sham reasoning. In short, as morality supposes self-control, men learn that they must not surrender themselves unreservedly to any method, without considering to what conclusions it will lead them. But this is utterly contrary to the single-mindedness that is requisite in science.>> Peirce avait bien vu le rapport entre le mauvais raisonnement et l’abaissement de la moralité.

    Voir aussi Paulhan (1889).

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Engel, P. (2014). L’avenir du Crétinisme. In: Reboul, A. (eds) Mind, Values, and Metaphysics. Springer, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-319-05146-8_9

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