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Meaning in the Forthcoming Sciences of Life: From Nietzsche and Husserl to Embodiment and Biosemiotics

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Phenomenology of Space and Time

Part of the book series: Analecta Husserliana ((ANHU,volume 116))

Abstract

Towards the end of his life, Edmund Husserl became strangely interested by something like a new type of “Science of Life” or a “Biology”, which could be, he said, a “universal science”. Beside this, there was of course the new great topic of the World of Life, or, to say it like it is well-known, the “Life-World” (Lebenswelt). Even if Husserl was, for good reasons, very careful and prudent about “sciences” in general, and especially about the “Galilean mathematization of nature”, which was making some “schizophrenia”, some separation from life, and was pushing the “European humanity” to a treason of the deep inside of its life, it seems that these ultimate phenomenological ideas are really promising for us today, for our culture and future. But just before the founder of Phenomenology, Friedrich Nietzsche was always thinking and talking about a(n) (eternal) return to life, and, more precisely, about the physiological roots of so many things, and especially in our world, the world of human rationality. More recently, Francisco J. Varela, who was influenced by Maurice Merleau-Ponty, tried to inaugurate, after Hans Jonas and Jan Patocka, a new kind of “philosophical biology”, which can be a radical research about “life in mind” and “mind in life”. If the “embodied mind”, and more generally, the “embodiment” became in our time something like a “mainstream”, it is precisely because, as Nietzsche said, “Mind” and “Life” can never be separated from each other. What is even more important in that theory is that it could be the first step for a radical rethink of all that the philosophical tradition had called “Sensible” and “Intelligible”, with their relations or interactions. It would also mean that “Matter” and “Form” can never be separated from each other. If we try like this to “listen” to the “life” of things, or to “see” them in this new way, this silent way, we will be, in some sense, more “living” and more “thinking”. Some recent research in Biology, in “Biosemiotics”, is talking nowadays about “Signs of Life and Life of Signs”. This new “Biology of signification”, with an evolutionary approach of a “natural history of intentionality”, which could also be a radical theory of meaning, will be perhaps, some day, our greatest science and philosophy.

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Notes

  1. 1.

    Il s’agit d’une lettre tardive de Husserl dans laquelle il écrit: “Je ne savais pas que mourir fût aussi difficile. Toute ma vie, je me suis efforcé d’écarter toute frivolité. Et juste maintenant que je suis arrivé au terme de mon chemin, conscient de ma tâche et prêt à l’assumer, maintenant qu’avec les conférences de Vienne et de Prague […] j’ai jeté les bases d’un petit commencement – eh bien, je dois m’interrompre et laisser ma tâche inachevée. Juste maintenant, à la fin, maintenant que je suis un homme fini, je sais que je devrais tout reprendre à zéro”. Manuscrit X, 1, 4 (cité d’après Claude Romano, “La tâche inachevée: la conceptualisation husserlienne de la Lebenswelt et ses limites”, in Jean-Claude Gens (dir.) La Krisis de Husserl. Approches contemporaines. Revue Le cercle herméneutique. N°10, 2008).

  2. 2.

    Nous parlons ici bien sûr des célèbres pages de la fameuse Krisis: La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale (traduction française par Gérard Granel, Paris, Gallimard, “Bibliothèque de Philosophie”, 1976) ainsi que la célèbre conférence de Vienne et de Prague: La crise de l’humanité européenne et la philosophie (dans le même volume). Voir note 4.

  3. 3.

    La problématique “écologique” a été en effet plus d’une fois reprise par les héritiers de Husserl, et on a parlé d’ “éco-phénoménologie”. Songeons au moins à l’œuvre de Hans Jonas (comme par exemple: Une éthique de la nature, Paris, Desclée de Brouwer, 2000). Voir surtout, plus récemment: Adam Christopher Konopka, An Introduction to Husserl’s Phenomenology of Umwelt. Reconsidering the Natur/Geist Distinction. Toward an Environmental Philosophy. Ann Arbor, ProQuest, UMI Dissertation Publishing, 2011. Mais c’est Merleau-Ponty qui semble être la plus grande source d’inspiration dans ce domaine: Suzanne L. Cataldi, William S. Hamrick (ed.), Merleau-Ponty and Environmental Philosophy. Dwelling on the Landscapes of Thought, New York, New York State University Press, 2007.

  4. 4.

    Cf. La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, op. cit. Il s’agissait pour Husserl à la fois de développer “l’idée historico-philosophique” ou “le sens téléologique de l’humanité européenne” (Conférence, p. 347), et d’expliquer ou de montrer “la crise des sciences comme expression de la crise radicale de la vie de l’humanité européenne” (I, p. 7). S’il est question de la philosophie grecque et du platonisme, vu leur importance historique, il s’agit d’interroger principalement “la modernité philosophique”: le questionnement porte sur “la façon générale d’estimer les sciences. Il ne vise pas leur scientificité, il vise ce que les sciences, ce que la science en général avait signifié ou peut signifier pour l’existence humaine” (I, 2, p. 10). Et, à ce sujet, Husserl tient surtout à nous dire une chose: “Dans la détresse de notre vie – c’est ce que nous entendons partout – cette science n’a rien à nous dire. Les questions qu’elle exclut par principe sont précisément les questions les plus brûlantes à notre époque malheureuse, pour une humanité abandonnée aux bouleversements du destin: ce sont les questions qui portent sur le sens ou l’absence de sens de toute cette existence humaine” (I, 2, p. 10). La “nouvelle tâche universelle” de la philosophie serait alors de montrer l’impensé radical de toutes ces sciences, en tant qu’il est le “monde-de-la-vie comme fondement de sens oublié de la science” (II, 9, p. 59) au point que “le problème du monde de la vie” devient le “problème philosophique universel” (III, 34, f.).

  5. 5.

    Cf. par exemple Sciences du vivant et phénoménologie de la vie. Noesis, No. 14, 2008. Nous aborderons ensuite plusieurs contributions remarquables dans ce domaine.

  6. 6.

    La crise des sciences européennes, op. cit. Appendice XXIII. Voir également l’article de Jean-Claude Gens, “La question en retour sur la vie et l’idée husserlienne de la biologie comme science universelle” in Lectures de la Krisis. Approches contemporaines. Revue Le Cercle herméneutique, No. 10, 1999.

  7. 7.

    Nous faisons allusion évidemment à “la critique de la faculté de juger téléologique”, qui, rappelons le, considère la vie du vivant comme un cas à part, impossible à expliquer véritablement par la physique mécaniste newtonienne. Le vivant est considéré comme étant “téléologique”, poursuivant un but, et ce non pas d’un point de vue scientifique, en tant que nature, à partir d’un “jugement déterminant”, mais seulement de notre point de vue à nous, subjectivement, comme “jugement réfléchissant”. C’est ce qui cause encore aujourd’hui le plus grand embarras. Voir par exemple l’article remarquable de Francisco J. Varela et Andreas Weber: “Life after Kant: Natural Purposes and the Autopoietic Foundations of Biological Individuality”, in Phenomenology and the Cognitive Sciences, 1, 2002, pp. 97–125. La question reste posée encore aujourd’hui.

  8. 8.

    Le romantisme et l’idéalisme allemand n’ont cessé de s’y intéresser, et Schelling, par exemple, avait écrit admirablement ce qui résume bien la situation: “La Critique de la faculté de juger est l’œuvre la plus profonde de Kant, celle qui aurait sans doute donné une autre orientation à toute sa philosophie si, au lieu de finir par elle, c’est par elle qu’il avait pu commencer” (Contributions à l’histoire de la philosophie moderne, SWX, 177).

  9. 9.

    Ce texte de jeunesse (1868), “Teleologie seit Kant”, n’a pu paraître dans l’édition de référence, Nietzsche Werke, Kritische Gesamtausgabe, établie par Giorgio Colli et Mazzino Montinari, au Tome I 4, qu’à la fin du XXème siècle, en 1999! Il a été d’abord traduit en anglais par les soins de la North American Nietzsche Society dans le volume 8 de sa collection Nietzscheana, et se trouve également dans le livre du même traducteur de la NANS, Paul Swift: Becoming Nietzsche. Early Reflections on Democritus, Schopenhauer and Kant, New York, Oxford, Lexington Books, 2005, pp. 95–105. Il n’a toujours pas été traduit, à notre connaissance, en français. Jean-luc Nancy y a consacré un article [“La thèse de Nietzsche sur la Téléologie”, in Nietzsche aujourd’hui, Volume I, Paris, UGE, 1973], rare en son genre en français, mais qui, lui, a été traduit en anglais! [“Nietzsche’s Thesis on Teleology”, in Looking after Nietzsche. Albany, New York, New York State University Press, 1990, pp. 49–66]. On pourra lire aussi, avec intérêt, l’article de Paul Swift, “Nietzsche on Teleology and the Concept of Organic”, in International Studies in Philosophy, vol. XXXI, No. 3, 1999; ainsi que le texte écrit par Christa Davis Acampora, “Between Mechanism and Teleology: Will to Power and Nietzsche’s Gay “Science”, in Gregory Moore, Thomas H. Brobjer (ed.) Nietzsche and Science, Ashgate, 2004. Et d’Alberto Toscano: “The Method of Nature, the Crisis of Critique. The Problem of Individuation in Nietzsche’s 1867/1869 Notebooks”, in Pli, 11, 2001, pp. 36–61.

  10. 10.

    En effet, si l’on tient compte aussi du manuscrit 34 de Husserl, “Universale Teleologie”, (manuscrit E III 5, Husserliana Tome XV, pp. 593–597, traduction française par Jocelyn Benoist, “Téléologie universelle”, in Philosophie no. 10, Paris, Editions de Minuit, 1989, pp. 3–6) l’intérêt pour cette “téléologie” se trouve ainsi partagé par Kant, Nietzsche et Husserl. Mais n’est-ce pas ici finalement la question du sens, qui est sous-jacente, qui se cache ou se voile sous différents habillages, jusqu’à nos jours?.

  11. 11.

    Nous nous permettons en réalité de reprendre à notre compte ce que dit Nietzsche à la fin de l’avant-propos de Par-delà Bien et Mal: “nous sentons encore en nous tout le péril de l’intelligence et toute la tension de son arc! Et peut-être aussi la flèche, la mission, qui sait? le but peut-être… Sils Maria, Haute-Engadine. Juin 1885.” (traduction française de Henri Albert, Paris, Mercure de France, 1898, 1963).

  12. 12.

    Même s’il y a très peu de textes, à notre connaissance, en français dans cette discipline, nous adoptons le terme “Biosémiotique” pour la désigner en français.

  13. 13.

    Vaste sujet qui traverse toute la philosophie à notre époque, et représente, au moins depuis Nietzsche, un thème essentielle, non seulement chez Husserl, mais aussi chez Gabriel Marcel, Maurice Merleau-Ponty, Jean Paul Sartre… (cf. Richard Zaner, The Problem of Embodiment. Some Contributions to the Phenomenology of the Body, The Hague, Martinus Nijhoff, “Phaenomenoligica” 17, 1964, 1971; et plus spécifiquement, à propos de Sartre, The Bodily Nature of Consciousness: Sartre and Contemporary Philososphy of Mind, Ithaca, Cornell University Press, 1997) et plus récemment, chez des philosophes aussi différents que Michel Henry, Michel Foucault, Gilles Deleuze, ou Henry Maldiney. La problématique des Stimmungen chez Heidegger n’y est pas totalement étrangère, malgré l’oubli heideggérien de l’importance du corps, et de la dimension “pathique” de la vie. Tout cela rejoindra finalement et influencera, comme nous allons le voir par la suite, la problématique contemporaine de l’Embodiment, entre phénoménologie et sciences cognitives.

  14. 14.

    Merleau-Ponty n’a cessé en effet avec une grande honnêteté de rappeler tout ce qu’il devait à ce qui se trouvait déjà, dans les manuscrits de Husserl qu’il a pu consulter à Louvain, avant leur publications, en disant, par exemple, “le terme est usuel dans les inédits” (Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard, 1945 pp. XIV) ou en reprenant souvent les mêmes expressions husserliennes en allemand, notamment dans les ultimes “notes de travail”, de l’œuvre posthume Le visible et l’invisible (Paris, Gallimard, 1964).

  15. 15.

    On ne peut en effet négliger le fait que la plupart des travaux de recherches sur Husserl aujourd’hui, après ceux de Merleau-Ponty, s’intéressent principalement à la “corporéité”, à la “constitution corporel” ou “charnel” de l’ego lui-même, à la Lebenswelt (monde la vie), à l’importance décisive de l’affectivité, à la “synthèse passive”, ou à l’ “intentionnalité pulsionnelle”, beaucoup plus qu’au “cartésianisme” husserlien du commencement, celui de la “logique pure”, ou de l’ “ego pur”, et tout le domaine du “transcendantal”. [Cf. en particulier: Nam-in Lee, Edmund Husserls Phenomenologie der Instinkte, Dordrecht, Kluwer Academic Publisher, 1993; Anne Montavon, De la passivité dans la phénoménologie de Husserl. Paris, PUF, 1999; A. Steinbock, Home and Beyond: Generative Phenomenology after Husserl, Evanston, IL, Northwestern University Press, 1995; Didie Franck, Corps et chair: sur la phénoménologie de Husserl, Paris, Editions de Minuit, 1981]. Merleau-Ponty a été peut-être le premier à avoir cherché à dépasser l’opposition entre le “transcendantal” et l’ “empirique”, en parlant notamment d’un “entre-deux”; ce qui va, comme nous allons le voir, attirer l’attention de plusieurs chercheurs, dont le biologiste philosophe Francisco J. Varela, et une bonne part des scientifiques et des philosophes, qui allaient travailler sur des thèmes comme le corps, le “phénomène de la vie”, l’Embodiment et la Biosemiotics.

  16. 16.

    Voir notamment les travaux de Shaun Gallagher et de Dan Zahavi, par exemple: The Phenomenological Mind: An Introduction to Philosophy of Mind and Cognitive Science, London, Routledge, 2008, ceux de d’Evan Thompson, Life and Mind: Biology, Phenomenology, and the Sciences of Mind, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 2007, ou par example (ed.): The Problem of Consciousness: New Essays in Phenomenological Philososphy of Mind, Calgary (Alta.), Canadian Journal of Philosophy, Supplementary Volumes, 2003. Cf. aussi ce recueil textes: David Woodruff Smith, Amie L. Thomasson (ed.) Phenomenology and Philosophy of Mind, Oxford, Clarendon Press, 2005.

  17. 17.

    Cf. Dan Zahavi, “Husserl’s Phenomenology of Body”, op. cit., p. 63.

  18. 18.

    Voir notamment Taylor Carman, “The Body in Husserl and Merleau-Ponty”, in Philososphical Topics, Vol. 27, No. 2, Fall 1999, pp. 205–226. Dans cet article, la différence et la continuité sont bien expliquées, surtout à propos de l’intentionnalité corporelle; James Dodd, Idealism and Corporeity: An Essay on the Problem of the Body in Husserl’s Phenomenology, Dordrecht, Kluwer Academic Publishers, 1997; Natalie Depraz, Lucidité du corps. De l’empirisme transcendantal en phénoménologie, Dordrecht, Kluwer Academic Publisher, 2001.

  19. 19.

    Au moins depuis Merleau-Ponty, on sait qu’un autre Husserl vient compléter, voir bouleverser le premier. Dans Expérience et jugement, dans les Ideen II, La synthèse passive ou dans la Krisis, Husserl approfondit les choses au point de découvrir ou dévoiler de nouvelles figures de son “savoir”, qu’il n’avait pas vraiment traitées jusqu’alors. Ce qui allait engendrer le thème de la corporéité et de la chair, ainsi que celui de la genèse affective de la conscience. Et l’on verra ainsi apparaître une phénoménologie “génétique”, qui viendra approfondir la première phénoménologie, “statique”. Cf. par exemple, Bruce Bégout, Natalie Depraz, M. Mavridis et S. Nagaï, “Passivité et phénoménologie génétique” (L. Landgrebe, E. Holenstein, I. Yamaguchi, Nam-in Lee), in Alter. Revue de phénoménologie. No. 3, 1995, pp. 409–502; Alia Al-Saji, “The Site of Affect in Husserl’s Phenomenology. Sensations and the Constitution of the Lived Body”, in Philosophy Today, SPEP Publications 2000, Vol. 44, Chicago, DePaul University, pp. 51–59.

  20. 20.

    Cf. Universale Teleologie, op. cit., traduction française, Téléologie universelle, op. cit.

  21. 21.

    Brady Thomas Heiner, résume bien les choses, dans son introduction générale à un numéro spécial de Continental Philosophy Review, consacré justement à la corporéité, ou plus exactement à ce qui apparaît à l’heure actuelle comme “Recorporealization of cognition” dans la phénoménologie et les sciences cognitives: “How far Phenomenology has come from the methodoligical formalism and solipsism, the epistemological foundationalism and internalism, and the ontological Cartesianism of its initial phase. The RoC (Recorporealization of cognition), as a movement internal to phenomenology itself, destabilized this initial philosophical framework and – as we are only now beginning to fully appreciate – is expanding the horizons of phenomenological inquiry”. [“Guest Editor’s Introduction. The Recorporealization of Cognition in Phenomenology and Cognitive science”, Continental Philosophy Review, 41, Springer, 2008, pp. 115–126, notamment p. 124 (pour la citation)]. Voir également l’article de Mary Jeanne Larrabee, “Husserl’s Static and Genetic Phenomenology”, Man and World, 9, 2, 1976.

  22. 22.

    Il s’agit bien sûr de la Critique de la faculté de juger, notamment la “critique de la faculté de juger téléologique”, de l’Anthropologie du point de vue pragmatique et de l’Opus postumum.

  23. 23.

    Rappelons que c’est le fondement même de toute la philosophie d’Arthur Schopenhauer, qu’il développera principalement dans Le monde comme volonté et comme représentation, ouvrage dans lequel il considère que “l’essence la plus intime du monde” est quelque chose comme une “Volonté”; et il le découvre précisément dans l’expérience du corps, et grâce à elle. Mais cette “Volonté” est essentiellement “aveugle et irrationnelle”; le monde “intelligible”, le monde “en soi”, naguère, jadis “divin”, ou au moins, plutôt bien, devient alors, de ce fait, quelque chose qui n’a plus rien de “bien”, qui est vraiment “mauvais” et qui échappe à la raison: ce qui veut dire qu’il est totalement “absurde”! C’est la grande rupture avec toute la métaphysique traditionnelle, et l’un des commencements de la “mort de Dieu”, mais aussi, à propos de l’homme, l’ouverture d’un chantier qui aboutira à “la découverte de l’inconscient”. Schopenhauer a d’ailleurs été lu et par Freud et par Husserl. Rappelons également que, ironie de l’histoire, Franz Brentano, le père de la notion d’ “intentionnalité”, a été aussi le maître des deux. Ils ont décidément plus d’une chose en commun… (cf. aussi Jean-Claude Beaune (dir.) Phénoménologie et Psychanalyse. Etrange relations, Champ Vallon, 1998, et l’article très riche de Rudolf Bernet, “Inconscient et conscience: sur la nature de la pulsion, du désir, de la représentation et de l’affect”, in Jean Greisch et Ghislaine Florival (dir.), Création et évènement. Autour de Jean Ladrière. Louvain-Paris, Editions Peeters, Editions de l’Institut supérieur de philosophie, 1996, pp. 145–164).

  24. 24.

    Nous nous permettrons ici de renvoyer à nos précédents articles “Nietzsche and the Future of Phenomenology”, in Tymieniecka A.-T. (ed.), Transcendentalism Overturned. Analecta Husserliana CVIII. Dordrecht, Springer, 2011, et “Le nihilisme et l’épuisement: Heidegger ou Nietzsche”, in Phénoménologies des sentiments corporels. Fatigue Lassitude Ennui. Paris, Le Cercle Herméneutique, “Anthropologie”, 2003.

  25. 25.

    Quels sont donc les rapports entre la “pulsion” et l’ “intentionnalité pulsionnelle”? Vaste question qui, un jour, sans doute, aura son temps. Voir cependant l’article remarquable de Bruce Bégout, “Pulsion et intention. Husserl et l’intentionnalité pulsionnelle”, in J. -Ch. Goddard (ed.), La Pulsion. Paris, Vrin, 2006, ainsi que celui, tout aussi remarquable, de Rudolf Bernet, “Inconscient et conscience: sur la nature de la pulsion, du désir, de la représentation et de l’affect”, op. cit.

  26. 26.

    Il faut dire que Husserl a été marqué par l’opposition entre “Sciences de l’Esprit” (Geisteswissenschaften) et “Sciences de la Nature” (Naturwissenschaften), à une époque où Dilthey et les néo-kantiens voulaient absolument démontrer la spécificité et l’autonomie des “Sciences de l’Esprit”. Mais il est clair que, même s’il tentera de surmonter cette dichotomie, il a d’abord fondé la “phénoménologie” par opposition ou comme réponse au “naturalisme” ambiant et dominant. C’était donc bien à l’origine comme une “science de l’esprit”, fière de son savoir et de son indépendance, vis-à-vis des sciences de la nature. D’où le caractère intriguant de cette étrange “science de la vie” ou “biologie”, qui apparaît en effet comme un intermédiaire entre les deux, étant à la fois “nature” et “esprit”. Ce qui n’est pas à vrai dire une contradiction, mais ce qui, en réalité, allait attirer l’attention de la postérité, et se révéler prometteur au plus haut point, notamment par rapport au monde la vie (Lebenswelt). Un article de Peter Reynaert apporte une belle synthèse à ce sujet, avec des idées claires et distinctes: “Husserl’s Phenomenology of the Animated Being, and the Critic of Naturalism”. On peut le consulter sur Internet: http://heraclite.ens.fr/~roy/GDR/Animatedbeing.

  27. 27.

    “Téléologie universelle”, op. cit. p. 4.

  28. 28.

    Ibid. p. 5.

  29. 29.

    Idem.

  30. 30.

    Voir notamment le livre de Jérôme de Gramont, Kant et la question de l’affectivité. Lecture de la troisième critique. Paris, Vrin, 1996, ainsi que: Eliane Escoubas et Laszlo Tengelyi (dir.) Affect et affectivité dans la philosophie moderne et la phénoménologie, Paris, L’Harmattan, 2008.

  31. 31.

    Voir à ce sujet un livre suggestif de Karl Otto Appel: L’a priori du corps dans le problème de la connaissance, traduit par T. Simonelli, Paris, Cerf, 2005.

  32. 32.

    Cf. nos précédents articles “Nietzsche and the Future of Phenomenology”, op. cit., et “Le nihilisme et l’épuisement: Heidegger ou Nietzsche”, op. cit.

  33. 33.

    Cf. Le livre de Barbara Stiegler, Nietzsche et la biologie, Paris, PUF, Collection “Philosophes”, 2001. Ce livre, malgré tout son sérieux et toute sa rigueur, n’a pas toujours été bien accueilli parmi les spécialistes de Nietzsche, et pour cause: la lecture “biologisante” est restée dans les esprits, profondément liée à l’histoire “noire” du livre La volonté de puissance, qui n’est pas vraiment un livre de Nietzsche.

  34. 34.

    Voir l’article de Wolfgang Müller-Lauter “Décadence artistique et décadence physiologique. Les dernières critiques de Nietzsche contre Richard Wagner.” in Revue philosophique de la France et de l’étranger, no. 3, 1998, pp. 275–292. Un certain malaise se dégage du texte à propos du “physiologique”, du “pathologique”, de la “décadence”, de l’ “épuisement” etc., à telle point que l’auteur semble vouloir trouver, comme il le dit lui-même, un “pendant au Nietzsche du physiologisme borné” (p. 288, note 1). Ce qui ne nous semble pas vraiment nécessaire, si l’on part du principe que ce “physiologique” est non seulement aussi “psychologique”, mais il est précisément ce qui allait hanter le XXème siècle, qui s’est senti obligé de penser radicalement l’Embodiment, la “corporéité” de l’esprit, de la raison et de tant de choses, et même de parler, entre autres, d’ “anthropologie physiologique” (F. J. Buytendijk, Viktor E. von Gebsattel ou Victor von Weiszäker). Tout cela n’était vraiment pas “borné”! Maurice Merleau-Ponty n’a cessé, de son côté, admirablement, de tenter de réunifier le “physiologique” et le “psychique”, tout au long de son œuvre, de La structure du comportement jusqu’à Le visible et l’invisible (en particulier dans La phénoménologie de la perception, op. cit. “Première partie: le corps”, pp. 80–232).

  35. 35.

    Cf. le livre de Mazzino Montinari, La volonté de puissance n’existe pas, Paris, Éditions de l’Eclat, 1997.

  36. 36.

    Rien que dans la Généalogie de la morale, nous pouvons observer qu’il n’ y a pas moins de neuf occurrences de “dépression”; c’est dans la troisième dissertation sur les “idéaux ascétiques”: pp. 155, 157, 160, 161, 162 (deux fois), 168, 170, 172.

  37. 37.

    Parmi les plus grands lecteurs, Jean Granier, auteur d’une thèse mémorable et monumentale sur Nietzsche, dénonce par avance ceux qui seraient tentés, en prétendant suivre le philosophe, de réduire la philosophie à la psychologie, et la psychologie à la physiologie. Mais ce qu’il ne dit pas à vrai dire, c’est que Nietzsche a bien vu, avant le XXème siècle, qu’il ne s’agit pas là de réduire, mais de poser une question qui s’impose, si l’on cesse de croire aux “chimères incorporelles” et que l’on se rend compte, un peu à notre dépit, de l’importance de la “corporéité”, dans une pensée profonde de tout ce qui est de l’ordre de l’esprit. C’est précisément ce qui constituera le paradigme de l’Embodied Mind et de l’Embodied Meaning à la fin du siècle dernier, sans parler de tout l’héritage phénoménologique, qui participe activement aujourd’hui, avec les sciences de la vie et les sciences de l’esprit (embodied cognitives neurosciences), à la montée en puissance des idées de ce nouveau paradigme. C’est ce que nous allons voir par la suite. {Il s’agit de l’œuvre de Jean Granier, Le problème de la vérité dans la philosophie de Nietzsche. Paris, Seuil, 1966}.

  38. 38.

    Cf. O. P. C. Fragments posthumes Tome XIV 25 [1]. Nietzsche emploie en réalité l’expression suivante: “la grande politique veut que la physiologie soit la reine de toutes les autres questions”.

  39. 39.

    Généalogie de la morale, troisième dissertation, 16, p. 154.

  40. 40.

    Cf. le remarquable article de Keith Ansell Pearson, “Incorporation and Individuation: On Nietzsche’s Use of Phenomenology of Life”, in Journal of the British Society of Phenomenology, Vol. 36, No. 1, 2007, pp. 61–89 (notamment p. 62).

  41. 41.

    C’est sans doute l’une des grandes tâches que se donne Merleau-Ponty, et qui sera reprise par l’un de ces plus brillants disciples: Francisco J. Varela. Il s’agit surtout pour Varela de reprendre les travaux de La structure du comportement et de La phénoménologie de la perception, mais nous pouvons dire que c’est une tendance générale dans l’œuvre de Merleau-Ponty, qui bouscule ainsi toutes les oppositions traditionnelles comme “le sujet et l’objet”, “le transcendantal et l’empirique”, l’ “esprit et le corps” etc.

  42. 42.

    Dans un article important, publié dans The Body and the Self, l’un des moments phares de l’histoire de la théorie de l’Embodiment, Marcel Kinsbourne tient à souligner à la fin que tout ce qu’il explique ici a déjà été dit en réalité par Nietzsche, il y a plus d’un siècle: “I am body entirely, and nothing beside”. Cf. “Awareness of One’s Own Body: An Attentional Theory of Its Nature, Development, and Brain Basis”, in Bermudez J. L., Marcel A., Eilan N. (eds.), The Body and the Self, Cambridge (Mass.) – London, The MIT Press, 1995, pp. 205–223 (voir pp. 205 et 217–218: 11. “The Self as Emerging from Backround Body Sensation”).

  43. 43.

    Ce qui apparaît aujourd’hui dans de nombreux travaux, comme ceux, par exemple, de Dan Zahavi, de Shaun Gallagher ou de Hubert L. Dreyfus. Marc L. Johnson souligne par ailleurs le travail pionnier des grands fondateurs du pragmatisme américain: Charles Sanders Peirce (qui inspirera par ailleurs la Biosemiotics, comme nous allons le voir), William James et John Dewey. Voir également les projets de “naturalisation de la phénoménologie”, et tous ceux qui se réclame de l’œuvre de Francisco J. Varela, ainsi que les travaux de Natalie Depraz.

  44. 44.

    Cf. Angelica Nuzzo, Ideal Embodiment. Kant’s Theory of Sensibility, Bloomington, Indiana University Press, 2008. Voir p. 200: “Kant establishes ontological and epistemological conditions that radically break with the modern paradigm of the mind/body dualism. His aim is to overcome such metaphysical dualism by proposing not only a new concept of rationality but also a new, broadly construed notion of human sensibility that includes Anschauung, Empfindung, Gefühl, Affekt/Affektion, and Einbildungskraft.”

  45. 45.

    Cf. The Problem of Embodiment. Some Contributions to the Phenomenology of the Body, The Hague, Martinus Nijhoff, Phaenomenologica 17, 1964, 1971.

  46. 46.

    Il faudrait distinguer en effet l’Embodiment, qui apparaît dans les neurosciences et les sciences cognitives depuis trois décennies, qui sera réexaminé et repris par des linguistes ou des philosophes comme Georges Lakkof et Marc L. Johnson, et l’Embodiment (Leiblichkeit) phénoménologique, qui est beaucoup plus ancien (cf. The Problem of Embodiment: Some Contributions to the Phenomenology of the Body, op. cit.) et qui n’a pas manqué d’influencer le “second” Embodiment à plusieurs reprises. On parlera alors du “retour” des sciences cognitives à la phénoménologie.

  47. 47.

    Marc L. Johnson, The Bodily Basis of Meaning, Imagination and Reason, Chicago, The University of Chicago Press, 1987.

  48. 48.

    A cette date, en 1987, Johnson se trouve en effet encore assez seul, sans Varela, sans Damasio, et sans références continentales importantes, c’est-à-dire sans l’embodiment de la phénoménologie, et sans les “embodied cognitive neurosciences” (seulement quelques références à l’herméneutique de Hans Georg Gadamer, et une critique virulente de Gotlob Frege): il s’agit encore de quelques pionniers plus ou moins solitaires, dans la philosophie anglo-saxonne. Parmi eux, Eugene Gendlin, qui avait déjà publié, il y a un demi siècle: Experiencing and the Creation of Meaning, Evanston, Northwestern University Press, 1962.

  49. 49.

    Cf. L’Erreur de Descartes. La raison des émotions Paris, Odile Jacob, 1994–2010, p. I–II. Damasio explique, dans sa préface à la nouvelle édition (2005), qu’à part quelques grandes exceptions notables comme Charles Darwin, William James ou Sigmund Freud, qui ont mis l’accent sur l’importance de l’émotion et des affects, “les sciences de l’esprit et du cerveau s’étant épanouies aux XXème siècle, leur intérêt s’est porté ailleurs et les spécialités que l’on regroupe aujourd’hui sous le terme vague de neuro-sciences ont plutôt tourné le dos aux recherches sur les émotions”; on peut même dire que les “exceptions n’ont fait qu’accentuer l’oubli dans lequel l’émotion, en tant que sujet de recherche, était tombée. Le béhaviorisme, la révolution cognitiviste et les neurosciences computationnelles n’ont pas atténué cet oubli […] tel était, en gros, la situation lorsque l’Erreur de Descartes a été publié pour la première fois”, à la fin du siècle dernier, en 1994.

  50. 50.

    Pour se repérer et mettre en perspective l’histoire de ce courant, nous pouvons considérer que la montée en puissance du paradigme de l’Embodiment a eu lieu principalement selon un les étapes suivantes: (1) Francisco J. Varela, Evan Thompson, Eleonor Roch, The Embodied Mind: Cognitive Science and Human Experience, Cambridge (Mass.), The MIT Press, 1991. (2) Antonio R. Damasio, Descartes’ Error. Emotion, Reason, and the Human Brain, New York, G. P. Putnam’s Sons, 1994. (3) José Louis Bermudez, Antonio Marcel, and Noami Eilan (ed.), The Body and the Self, Cambridge (Mass.), The MIT Press, 1995. (4) Andy Clark, Being There: Putting Brain, Body, and the World Together Again, Cambridge (Mass.), The MIT Press, 1997. (5) Antonio R. Damasio, The Feeling of What Happens: Body and Emotion in the Making of Consciousness, New York, Harcourt Brace, 1999. (6) Shaun Gallagher, How the Body Shapes the Mind, Oxford, Oxford University Press, 2005.

  51. 51.

    The Embodied Mind: Cognitive science and Human Experience, op. cit.; traduction française, L’inscription corporelle de l’esprit. Sciences cognitives et expérience humaine, Paris, Seuil, 1993.

  52. 52.

    Pour une vision globale, vingt ans après la publication de The Embodied Mind, cf. Enaction: Toward a new Paradigm in Cognitive sciences. Cambridge (Mass.), The MIT Press, 2010.

  53. 53.

    Cette expression est même devenu le titre d’un livre de John Tombomino, dans lequel il reprend les idées de Nietzsche sur l’importance du corps, dans la pensée et dans l’histoire, et propose d’en tirer les conséquences sur le plan sociétal et politique: The Corporeal Turn. Passion, Necessity, Politics, Lanham, Roman and Littlefield Publishers, 2002. Voir aussi à ce sujet le travail très riche de Lorenzo Altieri (sa thèse de doctorat): Eidos et Pathos. Corporéité et signification entre phénoménologie et linguistique cognitive, Bucarest, Zeta Books, 2009.

  54. 54.

    The Meaning of the Body. Aesthetics of Human understanding, Chicago, The University of Chicago Press, 2007.

  55. 55.

    La linguistique cognitive est un courrant important de la linguistique contemporaine qui émerge à la fin des années 1970, et qui vient contredire la linguistique “officielle”, celle notamment de Noam Chomsky; mais ses auteurs critiquent en réalité toute la tradition formelle et analytique, celle qui, depuis Gotlob Frege ou Bertrand Russell se voue à la formalisation et l’analyse, et qui constitue le Linguistic turn au début du XXème siècle. Ce qu’elle oublie en revanche c’est l’importance cruciale du fondement “expérientiel”, ou de l’expérience vécue dans la constitution du langage et du sens. L’un des livres fondateurs de cette tradition fut celui de Georges Lakoff et Mark L. Johnson: Metaphors We Live By (Chicago, The University of Chicago Press, 1980, traduction française, Les métaphores dans la vie quotidienne, Paris, Edition de Minuit, 1985), qui aboutira, vingt ans plus tard, à leur travail philosophique monumental: Philosophy in the Flesh: The Embodied Mind and Its Challenge to the Western Thought. New York, Basic Books, 1999. Notons la reprise, dans l’intitulé de l’ouvrage, de l’expression “The Embodied Mind”, présente dans le titre du livre de Varela, en 1991. Ce qui, bien sûr, n’est pas dû au hasard, et montre l’affinité grandissante, qui apparaît ainsi, progressivement, entre tous ces auteurs.

  56. 56.

    Cf. Metaphors We Live By, op. cit., traduction française, Les métaphores dans la vie quotidienne, op. cit. Egalement leur article: “Why Cognitive Linguistics Requires Embodied Realism”, in Cognitive Linguistics, 13, 3, 2002, pp. 245–263.

  57. 57.

    Les métaphores dans la vie quotidienne, op. cit. p. 30.

  58. 58.

    Voir surtout l’article de Vitorio Gallese et Georges Lakoff, qui a été souvent cité comme une référence: “The Brain Concepts: The Role of the Sensory-Motor System in Conceptual Knowledge”, in Cognitive Neuropsychology, 22, 2005, pp. 455–479. (Lakoff est le linguiste, et Gallese, le neuroscientifique qui avait travaillé, entre autres, sur les “neurones miroir”: [avec A. Goldman] “Mirror Neurons and the Simulation Theory of Mind-Reading”, Trends in Cognitive Science, 2, 1998, pp. 493–501). Pour les mathématiques, on peut lire aussi avec intérêt l’œuvre de Lakoff avec le mathématicien Rafaël Nuñez, Where Mathematics Comes From. How the Embodied Mind Brings Mathematics into Being, New York, Basic Books, 2000, ainsi que leur article: “The Cognitive Foundations of Mathematics: The Role of Conceptual Metaphor”, in Handbook of Mathematical Cognition, New York, Psychology Press, 2005, pp. 109–124; et les articles de Nuñez: “Do Real Numbers Really Move? Language, Thought, and Gesture: The Embodied Cognitive Foundations of Mathematics”, in R. Hersh (ed.), 18 Unconventional Essays on the Nature of Mathematics, New York, Springer, 2006, pp. 160–181; “Mathematicatics, the Ultimate Challenge to Embodiment: Truth and the Grounding of Axiomatic Systems”, in Paco Calvo and Antoni Gomila (ed.), Handbook of Cognitive Science: An Embodied Approach, Elsevier, Academic Press, 2008.

  59. 59.

    Il y avait déjà une grande critique de Frege, dans Les métaphores dans la vie quotidienne, op. cit. pp. 211–212.

  60. 60.

    Cf. Noam Chomsky, Language and Mind, traduction française par Claude Bourgois, Le langage et la pensée, Paris, Editions Payot & Rivages, 2012; Syntactic Structures, traduction française par Michel Braudeau, Structures syntaxiques, Paris Editions du Seuil, 1979. Comme le dit Chomsky lui-même, il s’agit d’une “linguistique cartésienne”.

  61. 61.

    Cf. Rodney Brooks, “Intelligence Without Representation”, in Artificial Intelligence, vol. 47, 1991, pp. 139–160. C’est précisément là que se trouve la fameuse “déception” de l’intelligence artificielle. Il s’est avéré, en réalité, qu’au fond, avant de partir en quête d’une “intelligence”, on devait d’abord, auparavant, approfondir la problématique de la “vie artificielle”, car, un esprit sans corps s’avérait de plus en plus impossible. Voir Francisco J. Varela, Cognitive Science. A Cartography of Current Ideas, traduction française par Pierre Lavoie, Invitation aux sciences cognitives, Paris, Editions du Seuil, “Sciences” 1996. Nous pouvons lire p. v que le problème était justement “la tendance de l’IA (ainsi que du reste des sciences cognitives) à l’abstraction, pour élaborer les perceptions et les capacités motrices”. Mais “une tel abstraction ne peur saisir l’essence de l’intelligence cognitive, qui ne réside que dans son intégration corporelle.

  62. 62.

    Cf. Les métaphores dans la vie quotidienne, op. cit. p. 7. “Les théories de la signification qui étaient dominantes dans la philosophie et la linguistique occidentales étaient inadéquates, et […] le terme “signification”, dans cette tradition, n’avait rien à voir avec ce qui, dans la vie des hommes, leur apparaissait comme significatif”.

  63. 63.

    The Meaning of the Body. Aesthetics of Human Understanding, op. cit. p. x.

  64. 64.

    Ibid. p. xi.

  65. 65.

    Idem.

  66. 66.

    Ibid. p. 10. Voir aussi son très bel article sur Merleau-Ponty, dans lequel il développe également, à partir de l’œuvre du philosophe français, sa théorie du sens: “Merleau-Ponty’s Embodied Semantics – From Immanent Meaning, to Gesture, to Language”, in EurAmerica, Vol. 36, No. 1, March 2006, pp. 1–27.

  67. 67.

    Ibid. p. 272. On peut dire que cette objection, contre “les théories objectives du sens”, dans l’histoire de la philosophie occidentale, est une constante dans son œuvre, et ce depuis la publication de Metaphors We Live By, en 1980: la linguistique cognitive a été même une des premières “insurrections” contre l’oubli des racines “expérientielles” du sens. Elle annonçait déjà le Corporeal Turn (“tournant corporel”) de la pensée contemporaine.

  68. 68.

    Mais les allusions à Nietzsche restent malheureusement, extrêmement rares; ce qui montre que c’est un grand projet, encore à venir, vaste et prometteur, pour la pensée contemporaine, qui, sans faire exprès, sans le vouloir, lui donne raison, et de plus en plus. Elle le fait notamment face à Heidegger, qui malgré toute son importance, avait oublié le corps, et n’avait pas vraiment vu venir ce tournant majeur, ce qui allait être nommé “Corporeal turn”. On peut lire tout de même—ce qui est encourageant—dans The Meaning of the Body, p. 105: “The history of Western philosophy, from the early Presocratics to the present day, reveals a succesion of attempts to identify and describe these universal, eternal norms. Wether they are believed to come from the mind of God, from Nature, or from Universal Reason, their function is supposed to be that of providing us with an always-fixed mark by which to navigate our way through the ever-changing, ever flowing waters of our temporal existence. But Nietzsche […] and a host of subsequent thinkers have shown us that life is change and existence is an ongoing process. There is no eternal logic, no absolute form that could save us from grappling with change every moment of our lives. The logic we humans have is an embodied logic of inquiry, one that arises in experience and must be readjusted as situations change”.

  69. 69.

    Cf. The Meaning of the Body. Aesthetics of Human Understanding, op.cit. p. 11–12.

  70. 70.

    Il ne s’agit plus ici des Geisteswissenschaften de Wilhem Dilthey, mais bien de cette nouvelle vague des “embodied cognitive sciences”. Cf. en particulier: Handbook of Cognitive Science: An Embodied Approach, op. cit. Johnson écrit par ailleurs, dans son livre, The Meaning of the Body, p. 1: “For at least the past three decades, scholars and researchers in many disciplines have piled up arguments and evidence for the embodiment of mind and meaning. […] The best biology, psychology, cognitive neuroscience […] available today teach us that our human forms of experience, consciousness, thought, and communication would not exist without our brains, operating as an organic part of our functioning bodies, which, in turn, are actively engaged with the specific kinds of physical, social, and cultural environments that humans dwell in”.

  71. 71.

    The Meaning of the Body. Aesthetics of Human Understanding, op. cit. p. xi.

  72. 72.

    Ibid. p. 264: “analytic philosophy of mind and language”.

  73. 73.

    Ibid p. x: “much contemporary philosophy focuses exclusively on abstract conceptual and propositional structure, leaving us with a very superficial and eviscerated view of mind, thought, and language, These philosophers have developed elaborate conceptual schemes for indentifying the so-called cognitive, structural, and formal aspects of experience, thought, and language, but they lack adequate philosophical resources to plumb the depths of the qualitative feeling dimensions of experience and meaning”. Et nous pouvons lire aussi page 9: “In the account of embodied meaning that I am developing […] I am using the term meaning in a broader sense than is typical in mainstream Anglo-American philosophy of language and mind. I seek to recover most of the resources for meaning-making that are ignored in the writings of influential philosophers such as Quine, Searle, Davidson, Fodor, Rorty, and many others”.

  74. 74.

    Dès début de The Embodied Mind, il est question de l’œuvre et de la pensée de Maurice Merleau-Ponty, et c’est ce qui aboutira dans les dernières années, au projet de “naturalisation de la phénoménologie” (“The Naturalization of Phenomenology as the Transcendance of Nature”, in Alter. Revue de phénoménologie. No. 5, Paris ENS, 1997, pp. 355–381), ainsi qu’à une “neuro-phénoménologie” (cf. “Neurophenomenology: A Methodoligical Remedy for the Hard Problem”, in Journal of Consciousness Studies, 3, 1996, pp. 330–335). Voir aussi l’article très riche sur Kant, publié avec Andreas Weber, après la mort de Varela: “Life after Kant: Natural Purposes and the Autopoietic Foundations of Biological Individuality”, op. cit.

  75. 75.

    Varela avait commencé ses recherches en Biologie au Chili, avant son doctorat à Harvard, avec ce grand biologiste; et il retournera dans son pays pour le rejoindre, après avoir fini sa thèse. Il travaillerons ensemble intensément, et avec beaucoup d’espoir, jusqu’au coup d’État de Pinochet, en 1973. A partir de cette date, il choisit le chemin de l’exil, et il ne reviendra au Chili qu’en 1985. Il s’installe finalement à Paris en 1986, et deviendra Directeur de recherches au CNRS en 1988. Il travaillera au CREA de l’Ecole polytechnique (fondé quelques années auparavant par Jean-Pierre Dupuy et Jean-Marie Domenach) et à l’Hôpital de la Salpêtrière jusqu’à sa mort en 2001.

  76. 76.

    Varela s’est particulièrement intéressé à l’œuvre de Hans Jonas [notamment The Phenomenon of Life], qui apparaît encore dans l’ultime article sur Kant: “Life after Kant”, op. cit.

  77. 77.

    L’inscription corporelle de l’esprit, op. cit. p. 17: “Notre voyage au cours de ce livre peut être vu comme le prolongement moderne d’un programme de recherche fondé il y a une génération par Maurice Merleau-Ponty”. Cf. aussi pp. 18, 19, 27, 28.

  78. 78.

    Il s’agit du premier grand courant des sciences cognitives qui allait aboutir, entre autres, à l’intelligence artificielle… et à ces déceptions. On considérait l’esprit, dans cette perspective, comme un opérateur formel, autrement dit, comme un ordinateur, qui fonctionne grâce à une certaine “logique”, laquelle peut être modélisée, et donc reproduite, indépendamment du corps, dans une machine. Cf. Invitation aux sciences cognitives, op. cit. pp. 27–51 (notamment, p. 44–51: “L’enfant du cognitivisme: l’intelligence artificielle”).

  79. 79.

    Voir à ce sujet le livre de Jean-Pierre Dupuy, Aux sources des sciences cognitives, Paris, La Découverte, 1994; et son “éclairage historique”, dans “Philosophie et sciences cognitives”, in Jean Petitot et al. (ed.) Naturaliser la Phénoménologie. Essais sur la phénoménologie et les sciences cognitives, Paris, CNRS éditions, 2002, pp. 697–723.

  80. 80.

    Autopoiesis and Cognition: The Realization of the Living, Dordrecht, Kluwer Academic Publisher, “Boston Studies in the Philosophy of Science” 42, 1980, traduction française, Autonomie et connaissance: essai sur le vivant, Paris, Seuil, “La couleur des idées, 1989.

  81. 81.

    Cf. “Patterns of Life: Interwining Identity and Cognition”, Brain and Cognition, 34, 1997, pp. 72–87: “An organism is fundamentally a process of constitution of an identity”.

  82. 82.

    Cf. “Organism: Meshwork of Selfless Selves”, in Organism and the Origins of the Self, Dordrecht, Kluwer Academic Publisher, 1991, pp. 79–107.

  83. 83.

    Pour une vision rétrospective globale voir en particulier l’introduction de Enaction. Toward a New Paradigm in Cognitive Science, op. cit. pp. vii–xvii.

  84. 84.

    Varela explique bien les choses, de façon claire et synthétique, dans son livre Invitation aux sciences cognitives, op. cit. Mais on peut dire pour résumer que le “computationnisme” constitue la version pure et dure du cognitivisme; il est l’héritier direct de la première cybernétique, celle des fondateurs, dans les années 1940, 1950, comme Warren MacCulloch, et qui compte notamment parmi ses adeptes, Herbert Simon, Noam Chomsky et Jerry Fodor. Pour cette école, l’esprit fonctionne comme un ordinateur, sur le modèle de la fameuse “machine” d’Alain Turing, qui fut précisément l’un des pères de la cybernétique. Le “connexionnisme”, ou “émergentisme”, viendra plus tard, et cherchera à s’éloigner de ce modèle, pour profiter des avancées des neurosciences, et des sciences de la complexité, et se fonder de préférence sur l’idée de réseau intelligent, celui qui peut se constituer entre des neurones connectés entre eux: ces neurones interconnectés peuvent ainsi faire émerger un système intelligent, grâce aux lois de l’auto-organisation. La cognition, l’intelligence, serait alors la propriété émergente d’un tout qui est plus que la somme de ces parties. Varela considère qu’il s’agit là de deux approches, qui sont non pas tant erronées, mais plutôt superficielles, et trop théoriques, et qui sont loin d’épuiser ce qu’est réellement l’esprit humain. Il s’agira pour lui de réinsérer ou réinscrire l’esprit non seulement dans son contexte biologique, corporel ou charnel, mais aussi et surtout de revenir essentiellement à l’expérience vécue, en tant que telle, autrement dit, telle qu’elle est vécue par chacun, “à la première personne”. D’où l’importance du corps, et surtout du “témoignage” de la personne. Ce qui peut avoir des applications thérapeutiques, qui ressemblent beaucoup aux idées de la “psychologie” et de la “psychiatrie phénoménologiques”. [Varela y fait allusion, en évoquant Karl Jaspers et Ludwig Binswanger, au début de L’inscription corporelle de l’esprit, op. cit. p. 19, note 2]. Voir aussi notamment les travaux instructifs d’une des disciples de Varela, Claire Petitmengin: L’expérience intuitive, Paris L’Harmattan, 2001; “La neuro-phénoménologie: quels enjeux thérapeutiques ?”, présenté à l’Université du bouddhisme, 13–14 novembre 2010, sur le thème: “La guérison: le fruit d’une interaction entre le corps et l’esprit ?”; “Un exemple de recherche neuro-phénoménologique: l’anticipation des crises d’épilepsies”, in Intellecta, No. 40, 2005, pp. 63–89. Pour une liste plus complète, on peut consulter le site: http://claire.petitmengin.free.fr. Enfin, pour les conséquences ou l’impact des sciences cognitives et de leur conceptions, dans le domaine clinique, neurologique et psychiatrique: J. Vion-Dury, “Entre mécanisation et incarnation: réflexion sur les neurosciences fondamentales et cliniques”, in Revue de Neuropsychologie, Vol. 7, No. 4, 2007, pp. 293–361.

  85. 85.

    Varela accorde énormément d’importance à cette question cruciale. Cf. The View from Within: First –person Methods in the Scientific Study of Consciousness, Exeter, Imprint Academic, 1999.

  86. 86.

    L’inscription corporelle de l’esprit, op. cit. p. 235.

  87. 87.

    Voir aussi la belle présentation générale, de l’œuvre et de la pensée du biologiste, par Paul-Victor Duquaire: “Introduction à la pensée de Francisco J. Varela. A partir de Autonomie et connaissance et L’inscription corporelle de l’esprit”, in Les Cahiers de l’ATP, juillet 2003, p.13.

  88. 88.

    Evan Thompson, “Sensorimotor Subjectivity and the Enactive Approach to Experience”, in Phenomenology and the Cognitive Science, 4(4), 2005, pp. 407–427, p. 21, note 1.

  89. 89.

    Voir les textes très riches de Enaction. Toward a New Paradigm in Cognitive Science, op. cit.

  90. 90.

    “Sensorimotor Subjectivity and the Enactive Approach to Experience”, op. cit. p. 108.

  91. 91.

    Voir l’article de Donald Favareau, “The Evolutionary History of Biosemiotics”, in Marcello Barbieri (ed.), Introduction to Biosemiotics. The New Biological Synthesis. Dordrecht, Springer, 2008.

  92. 92.

    Cf. Marcello Barbieri, “Biosemiotics: A New Understanding of Life. Review”, Naturwissens-chaften, 95, 2008, pp. 577–597. Voir p. 596.

  93. 93.

    Anton Markos avait même préféré au départ le terme Biohermeneutics, parce qu’il voulait se rapprocher de la philosophie herméneutique, tandis que Marcello Barbieri proposait l’expression semantic biology ou Biosemantics en faisant référence à l’idée de “science of biological semiosis”; mais il parviendront finalement à un accord autour du terme Biosemiotics. Cf. “Biosemiotis: A New Understanding of Life. Review” op. cit. p. 596.

  94. 94.

    Cf. l’article de Jesper Hoffmeyer “Biosemiotics”, in P. Bouissac (ed.), Encyclopedia of Semiotics, New York, Oxford University Press, pp. 82–85.

  95. 95.

    “The study of signs, of communication, and of information in living organism”. In Oxford Dictionary of Biochemistry and Molecular Biology, Oxford, Oxford University Press, 1997, p. 72.

  96. 96.

    “Biology that interprets living systems as sign systems”. In C. Emmeche, K. Kull, F. Stjernfelt, Reading Hoffmeyer. Rethinking Biology, Tartu, Tartu University Press, 2002. p. 26.

  97. 97.

    “The scientific studies of biosemiosis”. in Reading Hoffmeyer. Rethinking Biology, op. cit. p. 9.

  98. 98.

    Cf. Jesper Hoffmeyer “Biosemiotics: Towards a New Synthesis in Biology?”, in European Journal for Semiotics Studies, 9(2), 1997, pp. 355–376.

  99. 99.

    Cf. A. Sharov “From Cybernetics to Semiotics in Biology”, in Semiotica, 120(3/4), 1998, pp. 403–419. Voir pp. 404–405.

  100. 100.

    Il s’agit de la International Society for Biosemiotics Studies, qui publie sur son site Internet des textes d’un grand intérêt, et informe régulièrement sur ces activités et ses conférences internationales: www.biosemiotics.org. Et nous pouvons lire à la page d’accueil: “the interdisciplinary research project of biosemiotics is attempting to re-open the dialogue across the life sciences – as well as between the life sciences and the humanities – regarding what, precisely, such ineliminable terms as “meaning” and “significance” might refer to the context of living, complex adaptive systems. […] Most fundamentally, the Society considers that one of its most important purposes is the promotion of a cross-disciplinary exchange of ideas between researchers who are actively studying any of the myriad forms of organismic sign use found throughout the natural and cultural world. ISBS thus welcomes the membership and collaboration of scholars from all relevant disciplines, including biology, philosophy, ethology, cognitive science, anthropology, and semiotics”.

  101. 101.

    “Evolutionary Intentionality”, in Cf. E. Pessa, A. Montenanto and M.P. Penna (ed.), Proceedings from the Third European Conference on Science Systems, Rom 1–4 Oct. 1996, Rom, Edisioni Kappa, 1996, pp. 699–703. “The Natural History of Intentionality. A Biosemiotics Approach”, in T. Shilhab et al. (ed.), The Symbolic Species Evolved, Biosemiotics, 6, Springer, 2012, pp. 97–116: www.springerlink.com

  102. 102.

    “The Natural History of Intentionality”, op.cit. pp. 97–105.

  103. 103.

    Il faut dire cependant que ça n’a pas toujours été le cas: en effet, jusqu’aux années soixante la Biosemiotics était encore profondément divisée entre ceux qui avaient choisi le modèle de Saussure, avec son “signifiant” et son “signifié”, et ceux qui défendaient la validité du système peircien du signe “triadique”; mais progressivement, et surtout à partir des années 1990, grâce notamment aux efforts de Thomas Sebeok, le modèle de Peirce est adopté, et devient la référence pour la communauté des “biosémioticiens”. Cf. “Biosemiotics: A New Understanding of Life. Review” op. cit. pp. 494–595.

  104. 104.

    “The Natural History of Intentionality”, op.cit. p. 101.

  105. 105.

    Ibid. p. 107.

  106. 106.

    Idem.

  107. 107.

    Voir le même livre de Adam Christopher Konopka, An Introduction to Husserl’s Phenomenology of Umwelt op. cit. Pour Jacob von Uexküll, c’est une notion centrale, puisqu’il ira jusqu’à fonder, en 1926, un institut, un centre de recherche à l’Université de Hambourg, qui sera nommé Institut für Umweltforschung (Institut pour la recherche sur l’Umwelt (le milieu, l’environnement)). Il s’agit en réalité d’une véritable exploration du monde (Welt) propre à chaque organisme vivant, c’est-à-dire l’environnement tel qu’il est perçu, subjectivement, par chaque être vivant. Marqué par l’œuvre de Kant, c’est en 1909, qu’il introduit cette notion, dans un ouvrage intitulé Umwelt und Innenwelt der Tiere (Berlin, Springer, 1909). On peut dire aussi que la physiologie sensorielle, qui sera l’une des bases de ses travaux, lui permettra justement d’étudier, entre autres, l’ “espace subjectif” des animaux. Chaque “monde” sera ainsi considéré comme une “création” du système sensoriel ou perceptif et moteur de chaque animal. Dans chaque cas, nous aurons donc des “signes” différents, mais des signes quand même, qui viennent d’une “interprétation”, à chaque fois différente, qui constitue les “liens” et le “dialogue” qui se créent entre un organisme et son environnement. Voir par exemple: Kull Kalevi, “Jacob von Uexküll. An Introduction”, in Semiotica, 134 (1/4), 2001, pp. 1–59; Gudrun von Uexküll, Jacob von Uexküll – Seine Welt und seine Umwelt, Hamburg, Wegner, 1964; Thure von Uexküll, “The Sign Theory of Jacob von Uexküll”, in M. Krampen, K. Oehler, R. Posner, T. A. Sebeok (ed.), Classics of Semiotics, New York, Plenum Press, 1987, pp. 147–179.

  108. 108.

    Cf. Geneviève Hébert, “Nietzsche, Malin Génie de l’herméneutique ?”, in Jean Greisch (dir.), Comprendre et Interpréter: le paradigme herméneutique de la raison, Paris, Beauchesne, “Philosophie” 15, 1993, pp. 311–341.

  109. 109.

    “The Natural History of Intentionality”, op. cit. p. 103–104.

  110. 110.

    “Evolutionary Intentionality”, op. cit. p. 701.

  111. 111.

    Idem.

  112. 112.

    Cf. nos articles: “Le nihilisme et l’épuisement: Heidegger et Nietzsche” op. cit.; “Nietzsche and the future of Phenomenology” op. cit.

  113. 113.

    Evolutionary Intentionality, op. cit. p. 701.

  114. 114.

    Ibid. p. 703.

  115. 115.

    Cf. Ilya Prigogine and Isabelle Stengers, Order Out of Chaos. Man’s New Dialogue with Nature, Toronto, Bantam Books, 1984.

  116. 116.

    “The Signifying Body. A Semiotic Concept of Embodiment”, Diagrammatology, pp. 257–273.

  117. 117.

    Ibid. p. 271.

  118. 118.

    Cette idée se trouve essentiellement dans un texte de Uexküll considéré plus ou moins comme le texte fondateur de la Biosémiotique; il s’agit de: Bedeutungslehre. – BIOS. Abhandlungen zur theoretischen Biologie und ihrer Geschichte 10, Leipzig, Barth, 1940; traduction anglaise: “The Theory of Meaning”, Semiotica, 42(1), 1982, pp. 25–82; traduction française “Théorie de la signification”, in Mondes animaux et Monde humain, Hambourg, Gonthier, 1956–1965, pp. 83–155. Voir à ce propos: “A Natural Symphony? To What Extent is Uexküll’s Bedeutunsglehere Actual for the Semiotics of our Time?”, Semiotica, 134 (1/4), 2001, pp. 79–102; on peut consulter également un numéro spécial, de la même revue, consacré à cette même “Théorie” (l’éditeur de ce numéro est son fils): Thure von Uexküll (ed.), “Jacob von Uexküll’s “The Theory of Meaning””, Semiotica, 42 (1), Special Issue, 1982.

  119. 119.

    Voir aussi à ce sujet l’article de Roel Kerkhofs et Willem F. G. Haselager, “The Embodiment of Meaning”, in Manuscrito, 29(2), 2006, pp. 753–764.

  120. 120.

    “The Signifying Body. A Semiotic Concept of Embodiment” op. cit. p. 270.

  121. 121.

    C’est ce point précisément qui rapproche le plus la linguistique cognitive, l’Embodiment et la Biosémiotique, et leurs auteurs et leurs problématiques, de l’œuvre et de la pensée de Nietzsche… et ce n’est pas moins qu’une “révolution copernicienne”, qui va plus bien loin que celle de Kant, et nous mène au “paradigme herméneutique de la raison”, au “malin génie de l’herméneutique”, après nous avoir dit, au fond, la “mort de Dieu” et celle du “monde intelligible”, de la “vérité objective”, du “monde objectif”, de la “logique”, de la “grammaire”, et tout ce qui tourne autour depuis des siècles… et toutes ces “idées” n’étaient que d’admirables créations faites pour l’homme et par l’homme, pour défendre ses intérêts les plus profonds… Mais il faudrait pour cela, au moins, un autre article, si ce n’est beaucoup plus…

  122. 122.

    “The Natural History of Intentionality”, op. cit. p. 105: “Biosemiotics is not a new version of vitalism”. (Il renvoie également à son article: “A Biosemiotic Approach to Health”, in S. Cowley, et al. (ed.) Signifying Bodies. Biosemiosis, Interactions, and Health, Braga, The Faculty of Philosophy, Portuguese Catholic University).

  123. 123.

    Voir le très bel article de Andreas Weber, consacré aux liens entre l’œuvre de Cassirer, sa “philosophie des formes symboliques”, et les idées de l’ancêtre de la Biosémiotique, Jacob von Uexküll: “Mimesis and Metaphor: The Biosemiotic Generation of Meaning in Cassirer and Uexküll”, in Sign System Studies, 33, ½, 2004, pp.297–307. Il dit cependant dans une formule saisissante, p. 300: “What Cassirer is missing in his theory of man as an “animal symbolicum” precisely is the animal. For this reason he is interested in Uexküll. And it is here where a further biosemiotic deepening can make Cassirer’s already acclaimed philosophy still more important. We only have to follow the way he himself indicated: as Cassirer stresses, any critique of culture ultimately must be grounded on a critique of perception”.

  124. 124.

    Cf. Shaun Gallagher, How the Body Shapes the Mind, op. cit.

  125. 125.

    C’est l’idée, ou l’une des plus grandes idées, qui se dégage principalement du fameux livre de Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. Mais nous avons été ravi de la voir aussi brillamment évoquée, à la fin d’un article consacré à Merleau-Ponty, l’Embodiment, l’écologie et… au capitalisme! Cf. John R. White, “Lived Body and Ecological Value Cognition”, in Suzanne L. Cataldi and William S. Hamrick (ed.) Merleau-Ponty and Environmental Philosophy, op. cit. pp. 177–189 (voir surtout pp. 184–187: “Lived Body and Capitalist Ethos”).

  126. 126.

    Humain, trop humain I, Chapitre V, “Caractères de haute et basse civilisation”, § 285, « L’inquiétude moderne ».

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Zeifa, A. (2014). Meaning in the Forthcoming Sciences of Life: From Nietzsche and Husserl to Embodiment and Biosemiotics. In: Tymieniecka, AT. (eds) Phenomenology of Space and Time. Analecta Husserliana, vol 116. Springer, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-319-02015-0_27

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