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Poems, Testimonies, and Essays: Nocky Djedanoum, Jean-Marie Rurangwa, and Vénuste Kayimahe

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Book cover Sharing the Burden of Stories from the Tutsi Genocide

Part of the book series: Palgrave Studies in Cultural Heritage and Conflict ((PSCHC))

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Abstract

This chapter explores Nocky Djedanoum’s collection of poetry, Vénuste Kayimahe’s eyewitness testimony, and Jean-Marie Rurangwa’s essay. (Kayimahe and Rurangwa are the only two Rwandans among the authors.) These texts are often excluded from in-depth analyses; however, they provide useful insights due to the positioning of the two Rwandan authors in comparison to the non-Rwandan writers. These three texts are diverse in terms of genre and style, but there are themes that they have in common, such as their reflection on diasporic communities and the shared African experience of exile. Reading them together allows us to look at these issues and to consider the different contributions made possible by these varying witnessing positions.

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Notes

  1. 1.

    This term is somewhat controversial, but I use it simply to refer to certain aspects of a literary text, such as stylistic and narrative elements, which lead to ‘defamiliarization’ and transformation of a conventional concept, as described by David Miall and Don Kuiken: ‘Briefly, literariness is constituted when stylistic or narrative variations defamiliarize conventionally understood referents and prompt reinterpretive transformations of a conventional feeling or concept’ (2009: 123).

  2. 2.

    I have provided English translations for these texts throughout. For longer quotations, the original is given in the endnotes.

  3. 3.

    « A mon sens, c’est seulement dans un recueil de poésie que l’on peut passer du temps à s’interroger sur la façon dont on va exprimer telle ou telle chose: ‘ j’ai dit cela, comment le dire de manière plus forte, comment faire que les mots ne trahissent pas la force des faits, comment coller à l’atrocité du fait ?’ Parce qu’on ne peut pas ne pas dire, sous prétexte que le langage avilirait la réalité et que les mots seraient toujours trop faibles. Le silence est coupable. Le silence tue. Dans ce cadre, le journalisme est immédiat. Il est important pour l’actualité et pour l’histoire, que certains décrivent la réalité au jour le jour avec tous les risques de manipulation que cela implique. L’actualité journalistique a souvent constitué la base de notre travail. Mais à mon sens c’est ce lent travail qu’il nous fallait faire. Dans un demi-siècle, il y aura cependant des gens pour dire que nous-mêmes, nous avons écrit trop tôt ! » (Achariant 2002).

  4. 4.

    Based on the observations of the Rwandan philosopher, poet, and linguist, Alexis Kagame, Anthère Nzabatsinda notes that the majority of traditional Rwandan literature took on the form of poetry that could be divided into three categories: pastoral poetry, poetry of war, and dynastic poetry that recounted the history of Rwandan kings (Nzabatsinda 2007: 410).

  5. 5.

    My comments are based on the following quotation: « [D]ans notre groupe d’auteurs, les deux Rwandais Jean-Marie Vianney Rurangwa et Vénuste Kayimahe sont les seuls à n’avoir pas écrit de fiction. Ils ont fait des essais. Cela me semble avoir un sens: les Rwandais ont besoin de se tenir à distance de l’événement. Et nos romans, écrits dans l’urgence du témoignage, ne disent encore rien en profondeur sur le génocide. Cela viendra plus tard et ce sera l’œuvre des victimes elles-mêmes. Ceux qui, à l’âge de quatre ou dix ans, ont vu des inconnus violer leurs mères avant de les tuer à coups de machettes, ceux qui ont vu mourir des êtres chers en parleront demain, car un roman s’élabore plus avec des souvenirs anciens qu’avec de la réalité brute, immédiate. Je suis convaincu que pour pouvoir être dite, la douleur doit traverser des générations, se sublimant ainsi progressivement. Quant à moi, si j’ai pu donner cette impression de réalité, c’est que paradoxalement, je n’ai pas vécu ces événements. Les témoins directs ne demandent qu’à oublier. Il leur est pratiquement impossible d’en parler et beaucoup d’entre eux, s’ils livraient le fond de leur pensée, diraient leur désir d’oublier ces heures sombres » (Diop 2006a).

  6. 6.

    One can argue, however, that her first text was co-written with a non-Rwandan journalist and that the interaction between these two women ostensibly contributed to and enriched the process of mimesis and provided a space of listening, which not all survivors could necessarily have access to.

  7. 7.

    « Nous nous retrouvions dans une terrible impasse: fuir en abandonnant tout, sans le moins du monde être sûrs d’arriver quelque part, avec sur les bras une famille de dix personnes pourchassée par les séides du régime, ou alors rester à attendre la prochaine attaque et sûrement la torture et la mort » (Kayimahe 2001: 31).

  8. 8.

    « ‘Sale petit Rwandais !’ Fred R. tendit l’oreille ! Le méchant garnement répéta à haute voix: ‘Sale petit Rwandais, va !’

    La classe éclata de rire. Fred R. lui rétorqua violemment:Verse

    Verse ‘Tu mens ! Je ne suis ni sale, ni rwandais.’ Un autre bambin surenchérit. ‘C’est juste, c’est vrai tu es un Rwandais. Regarde, t’es pas comme nous. T’es rwandais; tout le monde le dit.’ ». (Lamko 2002: 51)

  9. 9.

    « Au Rwanda on nous dit: ‘On en a assez parlé’. On est coincé, nous les rescapés, entre les Hutu, nos voisins de toujours qui nous ont tués, et les Tutsi, nos frères qui sont rentrés d’exil après plus de trente ans […] qui ont toujours rêvé de rentrer au Rwanda mais qui ne s’attendaient pas à y revenir marchant sur les cadavres » (Mujawayo and Belhaddad 2004: 19).

  10. 10.

    « Tout ce que je trouvai à dire fut que le Rwanda est une véritable mosaïque, que chaque réfugié était revenu, avec dans ses bagages hâtivement rassemblés, des habitudes, des mœurs de l’ancien pays d’accueil, et que je me demandais comment nous allions gérer tout ça’ » (Ilboudo 2000: 63).

  11. 11.

    « Cependant, le fait d’avoir simplement mis les pieds au Rwanda, d’avoir pris le temps de visiter les différents sites du génocide, d’avoir écouté les rescapés de tous âges et d’avoir discuté avec eux, d’avoir rencontré les différentes associations qui cultivent l’esprit critique cher à la société dite civile, mais aussi d’avoir été sensible à la beauté de ce pays (son extase verdure, sa langue si lyrique, ses danses traditionnelles à la fois guerrières et séductrices, sa science de l’érotisme tout en finesse, sa riche et complexe diaspora etc.) est déjà un grand pas pour nous dans notre volonté de mieux comprendre notre continent » (Djedanoum 1999).

  12. 12.

    « Tout ce que je sais, en mon fort intérieur, c’est que les Rwandais et moi, avons un destin commun, en tant qu’Africains d’abord, et ensuite en tant qu’humains » (Djedanoum 1999).

  13. 13.

    I base these comments on the following remarks: « L’un de nos devoirs est de faire comprendre aux Rwandais et au reste de l’Afrique que nous devons avoir une vision globale de ce continent. Nous savons que dans les esprits, il en est autrement. Nous avons fait l’expérience dans un collège de Byumba, au Nord du pays, en présence de deux cents élèves, par ailleurs bien informés sur la situation sociopolitique de leur pays. Mais il nous a été difficile de percevoir chez ces jeunes la notion d’appartenance au même continent. Il nous a fallu, pour les en persuader, dérouler la carte de l’Afrique et l’accrocher au tableau, et leur expliquer d’où nous venions, et surtout leur faire comprendre que notre seul rêve est d’enjamber toutes ces frontières. Notre satisfaction, à l’issue de cette rencontre, est que ces élèves, dubitatifs au début, nous ont reprochés notre silence coupable. ‘Vous dites que nous sommes tous des Africains et vous venez nous voir seulement quatre ans après le génocide. Est-ce normal ? Et puis, vous pouvez pas nous dire que vous ne saviez pas que se préparait un génocide ici’. La vérité, comme toujours, sort de la bouche des enfants. Que leur répondre, sinon que nous sommes là, devant eux. Enfin, nous sommes venus nous recueillir, écouter, observer, essayer de comprendre et réfléchir ensemble sur ce qui faut appeler la tragédie culminante de l’Afrique » (Djedanoum 1999).

  14. 14.

    Audrey Small’s (2007) article provides an insightful discussion of the project as an attempt to demonstrate solidarity and the strategies used by the authors to do this, as well as the limits of this kind of endeavor.

  15. 15.

    Identifying too closely with the victim, says Geoffrey Hartman, hampers the possibility of remaining an ‘intellectual witness’, a task which requires a certain intellectual distance and is always a challenging place to be in: ‘Artists like these reveal that the intellectual part of consciousness always keeps us in the position of spectator or bystander. It is a deeply uncomfortable place to be in, because we are exposed, at one and the same time, to trauma and the anxiety of not empathizing enough. In this crucial area little can guide us’ (Hartman 1998: 42).

  16. 16.

    « Je march sur une corde raide, les bras levés et les mains ouvertes. Je ferme les yeux et je suis envahie par un flot de souvenirs lyriques » (Djedanoum 2000: 9).

  17. 17.

    Where deemed necessary, I have kept the typography of the extracts from the poems because in many instances, it enhances or emphasizes the content.

  18. 18.

    « […] terre de pélerinage et de recueillement » (Djedanoum 2000: 50–1).

  19. 19.

    Another poem that speaks vividly of the interconnectedness between the physical and invisible world is ‘The castle of tombs’ (Le château des catacombs). Here Djedanoum gives a glimpse into the life of one of the victims of the genocide that has become emblematic of the consequences of genocide, namely the child survivor. Petit-Jean, an eleven-year-old watches over the dead in silence; no living being can teach him anything for he has inherited the wisdom and the secrets of the dead. He lives amongst the dead, carrying their weight, and the knowledge of their names, communing with them, hears them breathing, their lives are reflected in his glance (ibid.: 25–27). This poem powerfully evokes the invisible world and the porous boundaries that exist between it and the physical world in post-genocide Rwanda.

  20. 20.

    « Non. Il n’y a pas lieu de fermer les yeux. / Non. Il n’y a pas lieu de boucher les oreilles. / Non. Non. Non. » (Djedanoum 2000: 24).

  21. 21.

    This metaphor is reminiscent of Lamko’s comments who distinguishes between the role of the mathematician, guardian of statistics, and the poet, who brings those statistics to life (Lamko 2002: 12).

  22. 22.

    « Nul lieu autre que Nyamirambo / Où je me sens renaitre au monde / Où je croise à l’aube le sourire de l’humanité / Où je crois encore à l’homme / Où je crois de nouveau à la vie » (Djedanoum 2000: 28).

  23. 23.

    « Nyamirambo , nom d’un quartier populaire de Kigali, fut un haut-lieu du génocide, une façon pour Nocky Djedanoum d’immortaliser ce drame africain. Une façon de nous rappeler que le génocide a bel et bien eu lieu, et qu’on ne devrait jamais l’oublier. D’ailleurs, Nocky nous invite dans l’un de ses poèmes (p. 20) à faire de Nyamirambo une terre de pèlerinage » (Mongo-Mboussa 2001: 1).

  24. 24.

    « Comme un poumon qui respire… Il y a de la vie. C’est le seul quartier où on trouve des étrangers de condition modeste, qui tiennent des petits commerces. C’est aussi dans ce quartier qu’il y a une mosquée alors que le pays est très catholique » (in Marcelli 2000).

  25. 25.

    My comments are based on the following remarks: « Après les deux mois passés au Rwanda et les autres séjours qui ont suivi, nous avons envie de dire au voyageur aveugle qui passe, la tête lourde de préjugés: ‘Regarde dans la rue. Regarde les champs de patates douces et de pommes de terre. Ouvre les yeux et lis les mystères de la nature. La vie rôde dans les bananeraies. Elle rase les murs […] Elle voyage à travers les collines, sans répit. Elle recherche le soleil qui n’appartient à personne. Regarde comme elle est fragile […] Colle ton oreille à la vie et écoute-la respirer’. Regardons se construire ce pays qui vient de loin, qui se bat seul avec ses larmes enfouies, qui n’en finit pas d’enterrer ses morts, mais qui en même temps est si vivante sous nos yeux » (Djedanoum 1999).

  26. 26.

    « Nyamirambo est l’anti-génocide, de par sa composition même. C’est un lieu de cohabitation.

    La vie y reprend le dessus alors qu’il y a eu là beaucoup de morts. Après la résidence j’ai su que Nyamirambo signifie cimetière. C’était le quartier où il y avait le cimetière, pourtant c’est le quartier le plus vivant. C’est là qu’il y a de l’espoir ! » (in Marcelli 2000).

  27. 27.

    The typography of the poem certainly evokes the form of a human being, perhaps a pregnant woman:Verse

    Verse ….. Cette terre Je l’ai portée depuis toujours en moi Cette grossesse éternelle […] Embrasser les autres terres Va, va, me soufflait-elle à l’oreille Me poussant dehors d’une main Elle me retenait de l’autre Va, porter d’autres grossesses Va, pour d’autres enfantements Notre planète est infinie ….. (Djedanoum 2000: 15–19)

  28. 28.

    « L’un de nos devoirs est de faire comprendre aux Rwandais et au reste de l’Afrique que nous devons avoir une vision globale de ce continent » (Djedanoum 1999).

  29. 29.

    « Il y a des images qui se situent au dessus de notre ridicule entendement, des images tellement inimaginables et impensables qu’il semble que seuls les yeux peuvent les représenter pour eux-mêmes et seulement pour eux-mêmes. […] C’est une situation de solitude exacerbée que rien alentour ne peut ni distraire ni dissoudre » (Djedanoum 2000: 12).

  30. 30.

    The Bahutu Manifesto, drawn up by a group of Hutu intellectuals in 1957, was a political document that promoted Hutu ethnic and political solidarity and called for the liberation of the Hutu people, both from colonialism and from the Tutsi who are described as oppressors in this document.

  31. 31.

    « [O]ui nous en avons assez de mourir au Rwanda, au Burundi, en Afrique du sud, en Sierra Leone, en Algérie, au Tchad, au Congo, en République Démocratique du Congo, en Angola, au Nigéria, en Centrafrique, en Afrique du sud… » (Djedanoum 2000: 50).

  32. 32.

    « Le dernier poème de son recueil, une sorte de manifeste, répond bien à cette esthétique de l’engagement. Sans confondre le discours poétique et politique, il pense que les mots peuvent parfois être des « armes miraculeuses », pour reprendre la célèbre expression de Césaire, tout en s’interrogeant sur le silence des mots face à l’indicible (p. 27). Il se situe ainsi dans la lignée des poètes de la Négritude qui refusèrent de dissocier l’éthique de l’esthétique » (Mongo-Mboussa 2001: 1).

  33. 33.

    « […] nous revendiquons cette vie à cor et à cri par notre verbe créateur, cette vie, si elle est à créer de nouveau, nous la re-créerons, au commencement le verbe créateur, la vie existe quand elle est dite, chantée, peinte, rendue en images, cette vie que nous voulons en mouvement, une vie sans cesse rêvée et renouvelée, cette vie qui bat dans la poitrine et le pouls, elle est à tous cette vie, unique et indivisible, si cette vie est à créer, nous voulons la créer ici et maintenant » (Djedanoum 2000: 51).

  34. 34.

    « Peut-être que c’est dans le naturel de l’homme, cette pudeur qui veut que l’on s’appuie sur les épaules de l’autre, que l’autre nous donne la main et nous essuie les larmes pour nous soulager de notre blessure ? » (Djedanoum 2000: 11).

  35. 35.

    « Pour m’avoir encouragé

    Quand nous étions encore en exil

    A écrire pour mon peuple. » (Rurangwa 2000: 7)

  36. 36.

    « Mais ils changent de langage, de nom et de lieu. Voilà pourquoi, quand on parle de ‘génocide des Tutsi’—réalité pourtant incontestable—eux parlent de ‘colère populaire’, de ‘légitime défense’, de ‘guerre interethnique’. Voilà pourquoi, quand on leur demande leur nom, ils se font passer pour des Congolais ou des Camerounais […] Fuir devant la vérité, mentir pour survivre et se cacher pour ne plus voir ceux qu’ils avaient voulu anéantir, voilà à quoi sont actuellement réduit ces bourreaux hutu » (Rurangwa 2000: 11).

  37. 37.

    « L’exil, c’est une épine plantée dans sa chair et dont on ne peut jamais se débarrasser. L’exil, c’est le supplice de Tantale, l’aigle de Prométhée, le rocher de Sisyphe ! L’exil, pour tout dire, c’est un calvaire qui n’a pas de trêve. Mes amis n’ont jamais compris qu’après trente-cinq ans d’exil, j’avais urgemment besoin d’aller vivre dans un pays qui allait enfin m’accepter comme citoyen à part entière. Je ne sais même pas s’ils le comprendront un jour. Seul quelqu’un qui a passé autant d’années en exil, pourrait comprendre pourquoi on peut quitter l’Amérique ou l’Europe pour un pauvre petit pays comme le Rwanda » (Rurangwa 2005: 10).

  38. 38.

    « Je me souviens qu’à un moment donné au Burundi, pour parler d’un pays que je connais le mieux, on avait honte d’être rwandais » (Rurangwa 2000: 41).

  39. 39.

    « Nous avions un pays que nous aimions beaucoup et que nos pères appelait Rwanda rugari rwa Gasaboi (littéralement: Vaste Rwanda de Gasabo), un pays où coulaient le lait et le miel. […] Et nous voilà la mort dans l’âme, sur le chemin de l’exil […] Et nous voilà voisin directs des tigres, des léopards des panthères […] Je me rappelle que nos pères, le jour, abattaient des arbres […] Je me rappelle ce miel et ces fruits sauvages […] Je me rappelle aussi que mes aînés apprenaient à lire et à écrire sous les arbres […] Je me rappelle qu’ils écrivaient sur leurs jambes et sur leurs bras […] Je me rappelle que les enseignants étaient tous des réfugiés rwandais […] Qui disait ‘Rwandais’ entendait ces jeunes filles réfugiées tutsi debout sur les trottoirs […] Qui disait ‘Rwandais’ entendait tous ces jeunes réfugiés tutsi qui […] Qui disait ‘Rwandais’ entendait tous ces diplômés réfugiés tutsi […] » (Rurangwa 2000: 39–45).

  40. 40.

    « Finalement, ils ont permis que leurs écrits justifient le point de vue que les Tutsis sont les victimes permanentes, même si un gouvernement dirigé par des Tutsis occupe le pouvoir. Cette logique de victime permanente tutsi mobilise tout le pays contre un seul ennemi—les extrémistes Hutus au Rwanda et en RDC—au détriment de la reconstruction de la nation, de la paix et de la réconciliation. Le texte qui succombe à cette identification totale à l’idéologie du parti dominant au Rwanda est Le génocide expliqué [à] un étranger, par Jean-Marie Rurangwa » (Diawara 2002).

  41. 41.

    This notion has, in turn, been criticized by scholars such as Lisa McNee, who interprets it as a form of hypocrisy: ‘Least of all do the onlookers who refused to make a move to prevent genocide wish to think about the lost opportunities and the hypocrisy of supposedly humanitarian pretensions that have led some to equate victim with killer’ (2004: 2).

  42. 42.

    Instead of what Mahmood Mamdani calls ‘victor’s justice’—which implies that the only peace possible is armed peace, which believes that Tutsi power is the condition for Tutsi survival, which sees victory in civil war as a precondition for justice—Mamdani advocates ‘survivor’s justice’. This type of justice seeks to transcend bipolar notions of victim and perpetrator, blames the system instead of the agent, and thus puts emphasis on institutions of rule instead of individuals and reforms institutions of rule (Mamdani 2002: 270–3).

  43. 43.

    « Je me suis engagé en 1999 dans le projet ‘Rwanda, [É]crire par devoir de mémoire’. À l’origine, ce programme n’était tourné que vers des écrivains africains non rwandais, mais pour finir, il a encouragé aussi les Rwandais à y participer. Moi je n’étais pas écrivain, je le suis devenu par la force des choses » (Guillamo 2011).

  44. 44.

    Centre d’échanges culturels franco-rwandais.

  45. 45.

    « Si la compromission des autorités françaises au Rwanda ne fait plus de doute, au-delà de ce qu’on a appelé pudiquement ‘la cécité au plus haut niveau’, le témoignage de Vénuste Kayimahe nous plonge dans l’horreur et nous apprend beaucoup sur la veulerie, la lâcheté, la muflerie de ceux qui avaient en charge les affaires franco-rwandaises. Un seul exemple, les séances de cinéma dans la villa du président Habyarimana auxquelles l’ambassadeur de France de l’époque était toujours convié, ne sont en définitive que de longs apartés politiques. Le seul témoin muet de ces discrets tête-à-tête n’est autre que le petit projectionniste du CECFR, Vénuste Kayimahe » (Waberi 2002).

  46. 46.

    « S’ils devaient être distingués, des autres victimes, ce serait par un plus et non par un moins: ils constituaient parmi les Hutu, parmi cette immensité de sauvageries déchaînées, un groupe à part, celui des gens d’honneur, des hommes de cœur, respectueux de la vie au point de sacrifier la leur pour protéger, sauver ou refuser d’ôter celle des autres » (Kayimahe 2001: 7–8).

  47. 47.

    « Vénuste est avant tout une conscience, une très belle conscience d’ailleurs, et reste très pudique à l’égard de tout ce qui le concerne personnellement, ses sentiments comme son corps. Ce qui est tout à son honneur mais ne fait pas de lui un écrivain au sens étroit du terme, celui qui s’institue le sujet de son écriture et use de la fiction pour être impudique et dévoiler les hommes » (Delas 2002: 49).

  48. 48.

    « […] racontée sans tact peut-être, mais aussi influencée par le désir strict de rapporter l’information dans son contexte et sa vérité. Il se pourrait que ce désir de restituer de la manière la plus fidèle possible les événements ait nui à la forme du récit […] Seul le souci de mémoire a prévalu » (Kayimahe 2001: 8–9).

  49. 49.

    « Je n’avais plus aucune attirance pour le Rwanda, je n’avais plus envie d’être appelé rwandais. Et surtout, l’idée de revivre dans ce pays, côte à côte avec tous ces assassins et complices d’assassins qui revenaient tranquillement, me révulsait » (Kayimahe 2001: 309).

  50. 50.

    My observations are based on the following extracts:

    « Car la France n’est pas salie, elle s’est salie elle-même […] ». (Kayimahe 2001: 12)

    « Tandis que la Belgique et le Zaïre se désengageaient dès les premières semaines après avoir sauvé provisoirement le pouvoir de Kigali, la France, elle, s’engageait à corps perdu auprès du régime chancelant, gangréné par la corruption, le racisme et l’injustice, ce qui devait l’amener à jouer toutes les partitions de ce dernier, y compris celle du génocide ». (ibid.: 49)

    « Malheureusement la France avait pris part à cette mascarade dont les conséquences avaient été très lourdes pour plus de dix mille Tutsi et quelques Hutu réputés opposés au régime […] ». (ibid.: 83)

  51. 51.

    This visit seems to be the same commission of enquiry that inspired Lamko to frame Pelouse’s journey to Rwanda as being part of an official French delegation.

  52. 52.

    « Tout ceci n’est pas une légende. Il ne s’agit pas d’un récit fictif. Ceci est une histoire. Une vraie histoire. Mon histoire. […] Je ne suis qu’un simple témoin de l’Histoire, témoin-survivant parmi deux ou trois centaines de milliers d’autres » (Kayimahe 2001: 354).

  53. 53.

    « Voici des années que, suite à mon injustifiable silence, mon esprit est sans cesse tourmenté par un remords profond et tenace: celui d’avoir le sentiment d’abandonner à l’anonymat et à l’oubli mes frères et sœurs victimes de la haine de leurs semblables et de m’y complaire; celui de me réfugier, au détriment du souvenir et de la mémoire dans l’irréel confort de la lâcheté et de l’amnésie volontaire […], j’ai finalement ressenti comme un impérieux devoir la mise au grand jour de ce témoignage » (Kayimahe 2001: 7).

  54. 54.

    I have provided English translations of Vénuste Kayimahe’s text, as no English translation has been published. For longer quotations, the original text is given in the endnotes.

  55. 55.

    « Je crois, en l’occurrence, que notre démarche est paradoxale: à la fois le devoir de mémoire mais aussi l’oubli » (Diop in Brezault 2002).

  56. 56.

    Paul Ricœur suggests that remembering and forgetting are two necessary stages for coming to a point of healing; the work of memory must be followed by a work of forgetting and of mourning, which could potentially lead to forgiveness and healing (1995: 80–1).

  57. 57.

    « Ici, chaque homme, chaque femme est une île au milieu du vide. Les lieux physiques sont amnésiques, les repères gommés, l’histoire de chaque enfance, de chaque vie, lobotomisée. […] Un océan de vide, un énorme gouffre dans la mémoire. Ici, l’on est dans l’anorme, tous plus ou moins monstres sur une planète effondrée » (Lamko 2002: 77).

  58. 58.

    Semprun (1996: 167) writes about the ‘density’ and substance of a traumatic experience which can be partially transmitted by creatively transforming a testimony into an ‘objet artistique’.

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de Beer, AM. (2020). Poems, Testimonies, and Essays: Nocky Djedanoum, Jean-Marie Rurangwa, and Vénuste Kayimahe. In: Sharing the Burden of Stories from the Tutsi Genocide. Palgrave Studies in Cultural Heritage and Conflict. Palgrave Macmillan, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-030-42093-2_6

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