Faut-il réaliser une sédation analgésie du nouveau-né pour l’intubation en salle de naissance ? « Le contre »

Résumé

Depuis vingt ans, l’analgésie du nouveau-né est devenue une préoccupation majeure des soignants en néonatologie. Des moyens fiables existent pour reconnaître la douleur aiguë ou prolongée et de nombreux travaux permettent de guider les néonatologues pour la prescription de médicaments antalgiques ou sédatifs. Limiter la douleur aiguë lors des gestes techniques est nécessaire, en particulier lors de l’intubation. Mais l’intubation en salle de naissance constitue une situation particulière pour le nouveau-né, conduisant à s’interroger sur la pertinence de l’administration d’antalgiques ou de sédatifs. En salle de naissance, l’enfant est en pleine phase d’adaptation à la vie extra-utérine avec parfois une grande instabilité physiologique, qui ne doit pas être aggravée par les effets secondaires de ces médicaments. La prise en charge du syndrome de détresse respiratoire du nouveau-né, pour lequel l’enfant est le plus souvent intubé, comporte maintenant une extubation rapide, qui ne doit pas être gênée par l’effet dépresseur respiratoire des antalgiques. Enfin, aucune recommandation précise et fondée sur un solide niveau de preuve n’existe pour cette situation particulière. Elle ne peut donc être abordée en respectant les exigences de l’Evidence Based Medicine. Tous ces arguments sont développés dans ce chapitre, conduisant à ne pas recommander l’utilisation de ces médicaments pour l’intubation urgente en salle de naissance. En dehors de l’urgence vitale, le clinicien doit plutôt s’orienter vers un transfert de l’enfant en néonatologie, afin d’effectuer une intubation réglée et différée en service de soins, qui pourra être encadrée d’une prescription d’antalgiques ou de sédatifs.