L’éducation pour la santé à l’école, une matière négligée

Résumé

En France, la mortalité précoce (avant 65 ans), est principalement due aux comportements (accidents, suicide, alcool, tabac, cannabis, surpoids et obésité). Chez les hommes, elle est la plus élevée de celles des pays de l’Union européenne, alors qu’elle est moindre chez les femmes. Cette situation souligne l’utilité que pourrait avoir une éducation pour la santé à l’école si elle était efficace. Alors que les résultats obtenus pendant la pré-adolescence ou l’adolescence sont décevants, les études en neurosciences indiquent la nécessité d’agir dès l’enfance. Audelà de la collection de recettes pour éviter les maladies, il faut aussi et surtout développer chez l’enfant l’envie de vivre, le respect de son corps et de celui des autres, comme l’ambition de maîtriser son destin, au lieu de le subir. Cette éducation était autrefois le rôle du milieu familial, mais dans la France contemporaine, une proportion notable de familles, par immaturité, ou ignorance, n’inculque plus ces règles. Ce manque a trois conséquences pratiques:

• 1) Il faut que les crèches, les écoles maternelles et élémentaires se substituent aux familles défaillantes et enseignent ces règles aux très jeunes enfants (2 à 5 ans) car elles favorisent leur croissance et leur épanouissement intellectuel et physique.

• 2) Ces règles enseignées aux très jeunes enfants doivent se fonder sur les facteurs influençant la santé, notamment le sommeil, l’alimentation, l’alliance de curiosité pour explorer le monde et de prudence pour éviter les accidents (brûlures, chutes, etc.). Le très jeune enfant peut ainsi prendre conscience de la distinction entre le bénéfique et le nuisible, l’autorisé et l’interdit. Par ailleurs la surveillance de son poids et de sa taille permettra de déceler précocement une évolution vers le surpoids.

• 3) Ces règles s’opposent souvent aux instincts et aux pulsions naturelles et peuvent apparaître aux enfants comme contraignantes, entravant leur liberté. Pour permettre leur assimilation il est donc nécessaire d’instaurer un partenariat entre enseignants et parents afin de susciter un effort d’ensemble de la société.

Il faudrait de plus que les enseignants et le personnel des crèches et écoles maternelles apprennent à reconnaître les petits enfants présentant des troubles de socialisation dans leurs relations avec les autres, afin de procéder précocement à une expertise médicosociale de leur santé mentale et sociale dans le cadre de l’école.

À partir de 7–8 ans l’enfant doit être mis en garde contre les intoxications dangereuses (alcool, tabac) car celles-ci entraînent des addictions qui rendent l’adolescent esclave de besoins artificiels. Les mécanismes par lesquels se constituent ces addictions seront expliqués au collège et au lycée. Il faut aussi développer l’esprit critique et la rationalité afin de résister aux mauvais exemples et aux publicités comme aux propagandes ouvertes ou occultes visant le subconscient.

La France est le pays européens où les activités physiques et sportives des jeunes, surtout chez les filles, sont les plus faibles. Or, celles-ci ont une grande importance pour l’équilibre physique et psychique, l’apprentissage des activités en groupe et le respect des autres. Il est donc impératif de les développer. Pour répondre à l’objection souvent faite que l’on manque de temps, il faut rappeler que la France, avec 144 jours/an scolarisés, est le pays développé où le nombre de jours d’école est le plus réduit. Il suffirait de quelques jours supplémentaires pour permettre l’exercice physique, le sport et l’éducation pour la santé à l’école dans d’excellentes conditions tout en réduisant le nombre de jours que l’enfant passe, si la famille est défaillante, dans les rues ou devant les écrans (télévision, Internet, jeux vidéo). D’autant que le temps passé devant l’écran raccourcit le sommeil et peut nuire aux études.

Pour atteindre ces objectifs il est indispensable de développer un partenariat entre enseignants et parents au travers de l’éducation parentale. Celle-ci aurait pour but d’apprendre aux parents, les règles élémentaires de l’éducation en leur rappelant leurs responsabilités. C’est en France que les parents consacrent, en moyenne, le moins de temps à leurs enfants, peut-être parce qu’ils comptent sur les autres pour le faire.

La santé est un déterminant essentiel de la qualité de vie. L’humanisme actif consiste à donner aux hommes, dès l’enfance et par l’éducation, les moyens de former puis de protéger leur santé physique et mentale.