Skip to main content
Log in

RETRACTED ARTICLE: Paroles à la dérive

Déplacement et virulence chevillardiens

  • Published:
Neohelicon Aims and scope Submit manuscript

This article was retracted on 23 January 2015

Résumé

La présente étude interroge les tortueuses manifestations de la monstruosité dans la prose narrative d’Éric Chevillard (Scalps et Démolir Nisard). Questionnant ses lieux (déclaration de la monstruosité de personnages par l’instance narrative) et sa dynamique dans les œuvres (la violence révélant une performativité déterminante dans l’établissement d’individus monstrueux), elle permet de mieux comprendre le déplacement et la subversion associés à la virulence langagière et au dire-monstre dans les récits mis en place par Chevillard.

Abstract

The present study scrutinizes the multifocal manifestations and grotesque comportments of “monstrousness” in the narrative prose of Éric Chevillard (Scalps and Démolir Nisard). Focusing on and questioning “monstrous” instances and ghastly verbal episodes in the contemporary author’s works and the compelling dynamic that drives such impulse (e.g., violence revealing a determinative performativity in the establishment of monstrous individuals), this text seeks to illuminate the problematics of displacement and subversion associated with linguistic virulence and “monster-speak” with which Chevillard imbues his narrative.

This is a preview of subscription content, log in via an institution to check access.

Access this article

Price excludes VAT (USA)
Tax calculation will be finalised during checkout.

Instant access to the full article PDF.

Institutional subscriptions

Notes

  1. Voir également, sur ce modèle du recueil de textes brefs, Commentaire autorisé sur l’état de squelette, également publié chez Fata Morgana en 2007.

  2. Désormais, les références à cet ouvrage seront indiquées par le sigle DN, suivi de la page, et placées entre parenthèses dans le corps du texte.

  3. Ces deux ouvrages ne font pas exception dans la prose de Chevillard : on signalera, à titre d’exemples, le dénigrement qui caractérise si fortement les annotations de Marc-Antoine Marson dans L’œuvre posthume de Thomas Pilaster (Paris, Minuit, 1999), ainsi que le ton condescendant et dédaigneux du narrateur-protagoniste qui décide de réécrire un conte folklorique retranscrit par les frères Grimm (Le vaillant petit tailleur, Paris, Minuit, 2003). Par ailleurs, comme la problématique étudiée est celle de la monstruosité langagière, des œuvres plus anciennes comme La nébuleuse du crabe (Paris, Minuit, 1993) ou Palafox (Paris, Minuit, 1990), qui mettent en scène des « créatures » littéralement monstrueuses, n’ont pas été retenues.

  4. Désormais, les références à ce portrait seront indiquées par le sigle Lt, suivi de la page, et placées entre parenthèses dans le corps du texte.

  5. Insistons sur l’efficacité du texte, qui réussit à marteler la perception pour l’imposer et en faire une pseudo-vérité à laquelle adhérer. De façon tout à fait différente, le texte « Le lapin » insiste sur le caractère infantile et niais des accessoires pour automobile représentant des animaux doucereux ; la conclusion du texte, percutante, montre bien, dans une logique un peu retorse, la dimension futile de ces accessoires : « Et dans la carcasse fumante de la petite bagnole bleue, modèle courant, souriant bêtement aux hommes dehors qui s’acharnent sur la portière avec des scies électriques, il y a ce lapin ridicule. Il a plu ce matin. La route était mauvaise. La demoiselle a raté son virage » (Éric Chevillard, « Le lapin », dans Scalps, p. 35).

  6. Désormais, les références à ce portrait seront indiquées par le sigle F, suivi de la page, et placées entre parenthèses dans le corps du texte.

  7. Première occurrence : DN, pp. 19–21. À cet égard, il serait sans doute utile de consulter certains textes barthésiens, lesquels, bien que dans une toute autre optique, abordent cette problématique de façon tant pertinente que saillante. Voir en particulier: Barthes (1978). Lire également Sontag (1982, pp. 95–104).

  8. John Austin fait état de sa théorie des actes de langage dans How to do things with words, Oxford, Clarendon, 1962. À titre de rappel des propositions, voir Oswald Ducrot, « Langage et action », dans Oswald Ducrot et Jean-Marie Schaeffer (1995, pp. 781–787).

  9. Nous nous inscrivons en faux par rapport à la posture qu’adopte Marie-Hélène Larochelle sur ce point : alors qu’elle conclut que le performatif décrit mal l’événement invective (en démontrant insuffisamment sa spectacularité), nous proposons de faire voir dans les présents propos que l’acte de langage est fondamental à la dynamique intra-fictionnelle (et à la construction du dire-monstre dans son ensemble). Voir Marie-Hélène Larochelle, Poétique de l’invective, pp. 32–34. Voir Barnett (2009, pp. 49–70; 2011, pp. 102–127; 2012, pp. 60–88; 2013, pp. 240–263); Stump (1998, pp. 820–883); et Cioran (2009).

  10. « On la [l’invective] définit comme la parole belliqueuse qui encourage une rencontre dont les desseins sont attendus comme mortifères : on veut tuer l’autre par les mots » (Larochelle 2008, p. 33).

  11. Revoir note 7. Consulter pareillement Barthes (1993–1994), Alain (2006, 2007), de Man (1979), Marin (1978), Bhabha (1990, 2005), Ballantine (2010), Bailly (2004, pp. 38–61), Ducrot et Schaeffer (1995), Havercroft et Riendeau (2008, pp. 77–89), Verdier et Bonnet (2008, pp. 264–291); Pamuk (2010); et Schoentjes (2004, pp. 320–329).

  12. En écho, la fin du texte de présentation de Scalps figurant sur le rabat de couverture : « Simultanément, deux réalités incompatibles tentent d’occuper le terrain. L’être simple et gauche, prisonnier de celle qui toujours finissait par céder, va se débattre cette fois, avec plus ou moins de réussite, avec quoi qu’il en soit une opiniâtreté inhabituelle et notable. Au terme de la lutte, il sera mort peut-être, mais quelques scalps orneront sa ceinture ». Dans cette optique, voir également Larochelle (2008); Cotea (2008, pp. 201–214); LeClerc (1989); Lyon-Caen (2005); Marson (1999); Roussel (1963); et l’œuvre magistrale de Riffaterre (1979).

  13. Jean-Louis Bailly, « Scalps », Arts, recherches et créations, no 82, 2004. À cette conjoncture, Il serait sans doute souhaitable (avantageux même) de consulter plusieurs ouvrages exemplaires de Chevillard (1990, 1992, 1993, 1994, 1995, 2007), ainsi qu’un texte perecquien dont certains « écarts » s’avèrent analogues (Perec 1992).

  14. Voir Audet (2008).

  15. Nicolas Xanthos s’appuie sur la notion de discours constituant de Maingueneau pour montrer comment Démolir Nisard, en plus de s’inscrire dans le discours littéraire qui est à lui-même sa propre justification, crée son propre espace en rupture avec les conventions (2009, pp. 98–127).

  16. Étude copieusement subventionnée par le Centre National de la Recherche Scientifique (France) et la Fondation Guggenheim (USA) auxquels j’adresse l’expression de ma plus vive reconnaissance. À ce témoignage, il faudrait certes en annexer un autre: or, cet essai de synthèse eût-il été actualisé sans les longs entretiens méditatifs dont Jean-Luc Nancy me fit l’amitié en 2013 à Paris. Trop rare privilège.

Références

  • Alain, J.-L. (2006). Essai sur la subversion littéraire. Paris: Éditions Jean-Michel Place.

    Google Scholar 

  • Alain, J.-L. (2007). Reprises du degré zéro. Nouvelles lectures. Lyon: Presses Universitaires de Lyon.

    Google Scholar 

  • Audet, R. (2008). Et si la littérature…? Des auteurs en quête d’événement racontent des histoires. Roman, 20–50(46), 23–32.

    Google Scholar 

  • Austin, J. (1962). How to do things with words. Oxford: Clarendon.

    Google Scholar 

  • Bailly, J.-L. (2004). Scalps. Arts, Recherches et Créations, 82, 38–61.

    Google Scholar 

  • Ballantine, M. (2010). Éric Chevillard at the crossroads. Review of Literary Studies, 24(2), 55–69.

    Google Scholar 

  • Barnett, R.-L. E. (2009). Écritures minimalistes. Langages, 26(1), 49–70.

    Google Scholar 

  • Barnett, R.-L. E. (2011). Surplus and saturation. The meta-poetics of excess. In K. Carlson & J. Monneret (Eds.), Alternative modes of writing: Refections on language and contemporaneity (pp. 102–127). Tübingen: Gunter Narr Verlag.

  • Barnett, R.-L. E. (2012). La résurrection du fragmentaire. Études de Lettres, 292(1–2), 60–88.

    Google Scholar 

  • Barnett, R.-L. E. (2013). Asymétries chevillardiennes. Studies in Language and Literature, 17(1), 240–263.

    Google Scholar 

  • Barthes, R. (1978). Fragments d’un discours amoureux. Paris: Éditions du Seuil.

    Google Scholar 

  • Barthes, R. (1993–1994). Zazie et la littérature. In Œuvres complètes (2 Vols., I: pp. 1260–1264). Paris: Seuil.

  • Bhabha, H. (1990). Nation and narration. New York: Routledge.

    Google Scholar 

  • Bhabha, H. (2005). Foreword to: The wretched of the Earth by Frantz Fanon. New York: Grove Press.

    Google Scholar 

  • Blanchot, M. (1980). L’écriture du désastre. Paris: Gallimard.

    Google Scholar 

  • Chevillard, É. (1990). Palafox. Paris: Minuit.

    Google Scholar 

  • Chevillard, É. (1992). Le Caoutchouc décidément. Paris: Minuit.

    Google Scholar 

  • Chevillard, É. (1993). La Nébuleuse du crabe. Paris: Minuit.

    Google Scholar 

  • Chevillard, É. (1994). Préhistoire. Paris: Minuit.

    Google Scholar 

  • Chevillard, É. (1995). Un Fantôme. Paris: Minuit.

    Google Scholar 

  • Chevillard, É. (2004). Scalps. Saint-Clément-de-Rivière: Fata Morgana.

    Google Scholar 

  • Chevillard, É. (2006). Démolir Nisard. Paris: Minuit.

    Google Scholar 

  • Chevillard, É. (2007). Commentaire autorisé sur l’état de squelette. Saint-Clément-de-Rivière: Fata Morgana.

    Google Scholar 

  • Cioran, É. (2009). Cahier Cioran. Paris: L’Herne.

    Google Scholar 

  • Cotea, L. (2008). Éric Chevillard: le roman, une mythologie de notre temps. Studies on Lucette Desvignes and Contemporary French Literature, 18, 201–214.

    Google Scholar 

  • de Man, P. (1979). Allegories of Reading. New Haven: Yale University Press.

    Google Scholar 

  • Ducrot, O., et J.-M. Schaeffer (dir.). (1995). Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage. Paris: Seuil.

  • Havercroft, B., et Riendeau, P. (2008). Les jeux intertextuels d’Éric Chevillard ou comment (faire) Démolir Nisard par lui-même. In P. Riendeau (dir.), Revue d’étude du roman du XXe siècle (Vol. 46, pp. 77–89).

  • Larochelle, M.-H. (2008). Poétique de l’invective romanesque: l’invectif chez Louis-Ferdinand Céline et Réjean Ducharme. Montréal: XYZ éditeur.

    Google Scholar 

  • Leclerc, Y. (1989). Autour de Minuit. Dalhousie French Studies, 17, 63–74.

    Google Scholar 

  • Lyon-Caen, B. (2005). L’écriture de l’insignifiance. In V. Jouve et A. Pagès (dir.). Les lieux du réalisme. Paris: Éditions l’improviste. Presses de la Sorbonne Nouvelle.

  • Marin, L. (1978). Le récit est un piège. Paris: Minuit.

    Google Scholar 

  • Marson, M.-A. (1999). L’œuvre posthume de Thomas Pilaster. Paris: Minuit.

    Google Scholar 

  • Pamuk, O. (2010). The naïve and sentimental novelist. Cambridge: Harvard University Press.

    Google Scholar 

  • Perec, G. (1992). La Vie mode d’emploi. Paris: Livre de poche.

    Google Scholar 

  • Riffaterre, M. (1979). La production du texte. Paris: Éditions du Seuil.

    Google Scholar 

  • Roussel, J. (1963). Comment j’ai écrit certains de mes livres. Paris: Jean-Jacques Pauvert.

    Google Scholar 

  • Schoentjes, P. (2004). Ironies. In P. Aron, D. Saint-Jacques, et A. Viala (dir.), Le dictionnaire du littéraire (pp. 320–329). Paris: Presses universitaires de France.

  • Sontag, S. (1982). Against interpretation. In A Susan Sontag reader (pp. 95–104). New York: Farrar Straus Giroux.

  • Stump, J. (1998). The ghosts of Éric Chevillard. The French Review, 71(5), 820–831.

    Google Scholar 

  • Verdier, L. et G. Bonnet. (2009). Éric Chevillard: le hors-là du roman. In L. Verdier et G. Bonnet (dir.). L’excès. Signe ou poncif de la modernité? (pp. 264–291). Paris: Éditions Klimé.

  • Xanthos, N. (2009). Définir Chevillard: l’inconcevable vraisemblance de Démolir Nisard. Temps zéro. Revue d’étude des écritures contemporaines, 2, 98–127.

    Google Scholar 

Download references

Author information

Authors and Affiliations

Authors

Corresponding author

Correspondence to R.-L. Etienne Barnett.

Additional information

Careful analysis of this article has led me to the conclusion that this contribution shows extensive similarities with the article published by René Audet, “Lieux et pragmatique de la monstruosité dans la prose narrative d’Eric Chevillard”, Tangence, Vol. 91, Automne, pp. 11-27, 2009. This constitutes a case of plagiarism which goes against the publication policy of the journal Neohelicon, its publisher Akadémiai Kiadó, and Springer. For this reason the article in question has been retracted. I offer my sincere apologies to René Audet and to the readers that this was not detected during the submission and review process.

Péter Hajdu, Editor-in-Chief, for the Editorial Committee of Neohelicon

About this article

Cite this article

Barnett, RL.E. RETRACTED ARTICLE: Paroles à la dérive. Neohelicon 41, 129–143 (2014). https://doi.org/10.1007/s11059-013-0232-7

Download citation

  • Published:

  • Issue Date:

  • DOI: https://doi.org/10.1007/s11059-013-0232-7

Mots-clés

Keywords

Navigation